Je
me souviens de ces boulevards larges et pourtant inexplicablement
sombres, de ces ruelles de ces places, tout en gris, triste, inerte,
grand paquebot surpeuplé mais déserté en esprit depuis très
longtemps semblait-il. C'était un dépotoir à ciel ouvert, une
blague, un symbole à lui tout seul de décadence des blancs, un
ancien charmant village rendu bidonville extrêmement crasseux. La
crasse sur le trottoir, la crasse dans le métro, la crasse sur la
gueule des gens, dans leur expression dans leur mode de vie, dans
leur j'aime-j'aime pas. Vous
arrivez 15 ans trop tard monsieur.
Tout se passait dans les années 90-94, y avait pas internet, Paris
n'était pas quadrillé de Google map et d'agenda concerts. Sortir
c'était sortir! Un mystère, on savait pas ce qu'il y aurait.
C'était vraiment sortir de chez soi!
-Pardon
tout se passait dans les années 70 monsieur! Gainsbourg au palace,
les mémères veuves d'Indochine, les chevelus qui revenaient de
Katmandou, le grand rêve des révolutions populaires! Tout un monde
encore enraciné! Des gens réellement parisiens depuis des
générations, parisiens comme des bergeracois de Bergerac.
-Pardon
tout se passait avant 1900! Un peuple du pays réel. Celui décrit
par Fernand Braudel et Georges Bernanos qui jactait comme Audiard et
croyait vraiment en Dieu !
-Pardon
tout se passait avant la Révolution monsieur! Talleyrand l'a dit!
Paris ville parcourable a pied avec au bout les vallons enchanteurs,
la sieste adolescente sous un pommier avec une Margot une Marion une
Marie-Louise tâche-de-rousseurisée, « qui
n'a pas connu la France d'avant 1789 n'a pas connu la douceur de
vivre »!
Le charme gratuit, le virginal inachetable, souillé à l'usure, et
vengé en mille torrents d'injures par Louis-Ferdinand !
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