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mardi 18 août 2015

17.07.2010 - Elles ne croient pas en moi




La scène des toilettes dans la haine... Cette histoire de Grunwalski... pourtant la dernière fois que j’ai vu ce film c’était il y a des années.
« Il ne faut pas se demander si l’on croit en Dieu mais si Dieu croit en nous... J’avais un ami, qui s’appelait... Grunwalski... On a été déportés ensemble en Sibérie... » et puis l’histoire du futale et tout, et puis le mec mort de froid...
J’ai souvent l’impression d’être comme Grunwalski... Descendu chier enfin un coup, et voilà que le train part, et que dés que je le tiens mon froc tombe...
Ou plutôt, cette impression d’être au milieu d’incendies nombreux qu’il faut éteindre en même temps pour sauver tout le monde... Ici la carrière, ici les nanas, ici l’argent... Voilà qu’un autre foyer d’incendie démarre alors !... Il s’appelle « aimer ce que l’on fait », puis un autre encore ! « Vie sociale »... Puis encore le foyer « alcool » et puis le « fatigue » et puis voilà en un fracas les « ruptures amoureuses » et derrière le « désespoir »... Il faut éteindre tout ça... A chaque fois recommencer.
Une nuit, je dis à la juriste danoise qu’il faut absolument qu'on se voit. Elle se fait distante, et depuis un moment déjà. J’insiste comme un bâtard (que je suis exactement) et elle me dit de venir chez elle. 1h du matin dans son loft on discute. On en vient à évoquer le fait que comme tant d’autres types j’ai « beaucoup souffert avec les femmes » parce qu’elles ne font que de se servir de moi et de m’abandonner. Elle me répond alors que je devrais réfléchir, que l’on se souvient toujours du mal qu’on a reçu mais jamais du mal qu’on a fait.... Ah tiens... Et là un visage me revient d’un coup, celui de Caroline P. connue au lycée Pierre Termier de Grenoble en février 1999... Elle m’aimait bien je crois, et j’avais pas été très correct avec elle, j’avais cédé à une certaine forme de lâcheté disons... Je quitte la juriste danoise vers 3h et fonce chez moi à l’autre bout de la ville. En sueur parce qu’il fait chaud, à peine arrivé un mail à Caroline P. à qui je n’ai plus parlé depuis... 11 ans donc. Je lui dis mon point de vue le plus honnêtement possible. Et puis je dors 4 heures, comme d’hab.
Finalisation de mon embauche pour Septembre avec le nouvel employeur, tout se passe lentement et sûrement. Il « me veut » et ça colle bien.
Ai le temps de rien... Incendies partout, eau nulle part... Y a une histoire comme ça... « La moisson est grande mais les moissonneurs sont rares » je crois. Une nuit en rentrant tard je parle avec deux policiers belges place de la mairie... Je lui dis que c’est cool Bruxelles, que c’est plutôt calme pour une capitale. Il me regarde comme si je lui avais montré ma bite. Apparemment d’après lui c’est un bordel innommable ici et qui va croissant, et il le sait et s’en rend compte car il est né à Bruxelles il y a 35 ans. Je rétorque que par rapport à Paris, Bruxelles c’est un havre de paix mais lui vraiment me dit que je ne me rend pas compte... Il doit avoir raison, l’est mieux placé pour savoir...
Un stop un peu plus loin devant un Noir qui prend le frais comme ça, l’air du soir avec sa femme blanche et son fils métis... l’image est toujours assez obscène dans ce genre de couple je trouve, ça fait vraiment « noir qu’a baisé blanche qu’a donné enfant marron »... Je bloque comme ça sur lui car il me semble que je l’ai déjà vu... Jui demande si l’on se connaît... Dit non... Dit qu’y sait pas... Demande si je suis photographe. Tiens en voilà une idée, pourquoi il demande ? Je lui dis que non mais que j’ai un appareil pro chez moi cependant... Il veut un photographe pour faire des photos de lui avec sa femme et son fils voilà ce qu’il déclare. L’est prêt à payer... On échange nos numéros. On verra.
Caroline P. m’a envoyé un mail. Elle est ravie que je l’ai contacté. Elle veut me voir. Elle réside à Paris. C’est prévu justement... Pas spécialement pour elle mais bon.
A Paris je retrouve William-Henri et Sylvain, et on sort un soir trainer le long des quais... Est-ce que ça vaut le coup de détailler tout ça finalement ? C’est rien qu’une débauche effroyable, de la peine perdue, des embrouilles avec des Caucasiens fin de série qui terminent des casse-croûtes et des bouteilles au bord du canal... A chaque fois on pourrait frôler la mort pour un regard de travers... William-Henri se retrouve seul face à 5 Caucasiens horribles avec des gros bras, en fait ce sont 4 mecs appelés en renfort par un cinquième, lâche qui chie dans son froc face à WH pourtant d’une tête plus petit... Je fais le ménage calmement avec Sylvain en renfort, et puis on termine ça au bar « Prune », encore des embrouilles, encore des emmerdes, et puis on se trisse vers les campements d’Albanos-turkmènes, aux confins de la pisse et de la merde sous les ponts empuantis, là ou les revenus de toutes les nations mal agrégées côtoient les putablacks et les Louis Garrel ratés... On grimpe dans un taxi arabe. Il nous vire au bout de 300 mètres. On grimpe dans un deuxième taxi, on descend rue Boissy d’Anglas, on roupille à trois dans le lit de William-Henri sans virer nos chaussures.
Réveil. Brossage de dents. Du dentifrice très rouge dans le lavabo, du sang voilà ce que je crache. J’ai 4 aphtes qui ont poussés dans la nuit. Presque impossible d’articuler des mots. Journée calme à peu près... Le soir je vois une copine, et puis Caroline... Je crois qu’on accroche bien. Elle me tend quelques perches, enfin je crois, enfin elle pourrait dire que « non pas du tout c’était juste comme ça »... Je la veux.
Le lendemain à Rambouillet c’est un havre de paix. Des multitudes d’enfants « normaux » et bien élevés avec qui on fait une partie de foot... Y aura 11-11 comme score. Epuisés on va se rafraîchir dans la piscine, je sers de cheval dans une sorte de tournoi ou les cadets montent sur les épaules des aînés émergeant de l'au, et ainsi on se combat vaillamment... On mange des grillades et on discute avec les parents à propos de l’Alabama, de la Hollande, de la tolérance parfois aveugle des Aryens, de l’irruption des conservateurs aux USA dans les 60’ sous la houlette de Barry Goldwater... Voilà comment je veux vivre. Et je sais que cela nécessite de trouver une femme, la « bonne ».
Le lendemain à Paris m’en vais voir une exposition sur « l’art du Gandhara » au musée Guimet. Pas le genre de la maison les « expos » normalement... Mais cette histoire de Gandhara c’est pas pareil. C’est la pénétration du style grec dans la sphère d’influence indienne entre l’an 0 et le 4ème siècle. Cela se passe au Pakistan. Des statues de Boudha en style grec... Etonnant. Et puis ces deux citations que je note sur un papier passke c’est verboten de photographier : « L’art du Gandhara disparaît définitivement avec l’arrivée de l’Islam » et « C’est évidemment dans l’imagination d’un eurasien artiste par son père grec, bouddhiste par sa mère indienne que se combinent le mieux les deux traditions... A sculptures hybrides, sculpteur métis » Alfred Foucher, L’art greco-bouddhique du Gandhara, Paris 1922.
Je rentre avenue Mozart, je dors, me réveille, appelle Caroline, elle a deux minutes à m’accorder, je fonce la retrouver à République, on parle un peu, elle s’en va avec une copine au bal des pompiers et à la fête d’anniversaire d’un ami gay à elle. Moi je file dans le 5ème, bois des bières dans un pub irlandais, discute avec un jeune FDS qui vient de passer son bac et qui s’en allait voir un pote à lui « le fils du PDG de Renault ». Il est étonnamment simple pour sa condition le bonhomme. Et il me dit que d’ailleurs il s’est souvent fait couillonner à cause de ça. Sylvain et William-Henri se pointent, on va dans un autre bar, un bar qu’on peut voir dans le film « Le Péril Jeune » là ou un type parle du Népal. Ou du Tibet, ch’sez plus... On branche des meufs, on leur dit « ouais j’comprends t’es venu t’éclater, t’envoyer un peu en l’air j’comprends tu sais », et puis aussi « oui pardon c’est vrai, je vous presse trop... Laissez moi vous servir encore du vin... ». Et puis on jacte un peu avec des Cambodgiens, que j’aime appeler des Khmères, ils sont cools mais assez chatouilleux sur leurs origines, surtout que je les avais pris pour des Viets au début. Passk’ils avaient le faciès « Asie jaune », pas « Asie brune ». Caroline m’appelle, me dit qu’elle s’emmerde à sa soirée, qu’elle veut venir me voir avec ses copines. Elle vient, on bouge tous à Bastille, on s’enlace un peu sur le chemin, William-Henri et Sylvain font les cons mais les cons raisonnables parce qu’ils voient que cette meuf est importante pour moi.
Veille de jour férié, mois de Juillet brûlant, Bastille là ou toute la Catastrophe de la France est partie... le quartier est en ébullition, c’est une pompe aspirante à racailles on le sait, à cause des bars à salsa peuplées de putes à racailles... Racailleux de toutes les nations ne s’y trompent pas, ils viennent en masse et accaparent l’espace. On les voit embrouiller des types, faire les fiérots, en faire des tonnes, essayer d’empêcher des meufs de passer en réclamant un bisou... Des meufs blanches of course. Qu’on fasse le quart de ça dans « vos » bleds de merde et qu’on rigole bande d’hypocrites... Peut être que vous croyez que les Blancs ces victimes, toujours accepteront vos manières. Peut être que vous avez raison de le croire.
Les pompiers débarquent rue de la Roquette (une des dernières rues qui avait encore des barricades au mois de mai 1871) pourquoi on ne saura pas... Une bande de 20 Noirs bien comptés tous torses très gonflés qui en font des tonnes passe tels des blacks panthers normatisés. Ils embrouillent une aryenne au faciès germain (voir article précédent), y a rien à gratter alors ils se barrent. Et puis les copines de Caroline se barrent. Tout le monde en fait. On sent la pression monter, on sent que ça devient vraiment mauvais, que faut quitter le navire. Je raccompagne Caroline. On s’embrasse dans son allée. Elle me dit des trucs qui font que les hommes sensibles c'est-à-dire cons, un peu dans mon genre, tombent amoureux, se sentent dés lors « responsables ». M’barre. 5h30 le premier métro. Jasmin, Mozart, dormir.
Elle me plantera Caroline, promesses ou pas, bien élevée ou pas, comme m’ont plantées toutes les autres... Elle se servira de moi bien à fond pour se rassurer, comme le font toutes les filles tentées par la lâcheté lorsqu’elles sortent de relation comme elles disent, mais que ça va beaucoup mieux maintenant comme elles disent.
Selon Houellebecq, Dieu serait peut être comparable à la chatte d’une femme. Mais alors si les femmes ne croient pas en moi peut que cela veut dire que Dieu ne croit pas en moi... Et pourtant mon Dieu j’essaie de tout faire pour vous plaire. Il n’y a rien depuis deux mois que je n’ai fait en pensant à vous d’abord. Je vous le dis je n’en peux plus désormais. Si vous ne croyez pas en moi, à quoi bon... Je n’arrive pas à éteindre tous les incendies.
Caroline me plante. En fait voilà : elle ne me répond plus. Je sais ce que ça veut dire. Elle a eu ce qu’elle voulait, comme toutes les autres avant, et là je n’en peux plus. Je ne veux plus y croire puisque croire me mène systématiquement là ou je suis précisément ce soir... Ce soir lorsque j’ai compris qu’elle se jouait de moi elle aussi, malgré tout ce qu’elle m’avait dit, malgré tout ce que j’avais cru, voulais croire, et voulais faire.... Ce soir je me suis donc soulé. Le matin même je m’étais réveillé d’un cauchemar. Dans ce cauchemar Caroline se détachait de moi, me disait que moi « j’allais trop vite »... Faudrait que j’arrive à en rire. Dans ce cauchemar je détruisais tout chez moi, fracassais les murs, renversais les meubles. Les conseils, les amis, les parents divorcés, Caroline, Bruxelles, Paris, un nouveau taf... Y a trop d'incendies. Vendredi 16 Juillet 22h30 seul devant mon ordinateur dont les boîtes mails sont vides, seul devant un téléphone portable qui affiche « aucun nouveau message » voilà que je n’en peux plus, me lève et fracasse les murs, défonçage de phalanges dans la nuit, je renverse les meubles et hurle de toutes mes forces... Tout s'effondre? Eh bien que tout s'effondre. Il n’y a rien à faire. Elles ne veulent pas de moi. Elles ne croient pas en moi. Elles ne veulent pas me sélectionner. Elles m’ABANDONNENT. Je sors avec des bières me souler dehors, ça me calme un peu. Je rentre, la police est là, devant la porte. Des voisins ont appelés. Lorsqu’ils me voient, leurs faces font un pli étrange au niveau des yeux, une expression de malaise. C'est la honte de celui qu’est allé chercher les autorités, la honte de celui qui croyait dénoncer anonymement mais qui est vu en face par le « dénoncé »... C’est les voisins d’en face. Z’ont du croire que je tapais sur quelqu’un... Les braves gens.
Les policiers voient que je suis cool, que c'est une "histoire de coeur", que je suis « juste déçu » voilà ce qu’ils disent. Ils traînent pas, remontent dans leur camionnette. Et j’écris ce texte.
« J’avais un ami, qui s’appelait... Grunwalski...On a été déportés ensemble en Sibérie... ». Et puis le meilleur c’est à la fin de sa tirade au vieux, lorsqu'il dit aux trois jeunes « au revoir » trois fois, une fois pour chacun.
La lâcheté des femmes, leur rage d’abandonner, de se défiler, d’allumer l’incendie puis de partir en prétendant qu’elles n’y sont pour rien, ce truc diabolique de la femme qui agit exactement à l’inverse de la pureté dont elle se réclame en jurant ses grands dieux qu’elle est sérieuse elle... « Comme toutes les autres, froide et distante » ce sont les mots exacts de TRAVIS BICKLE. Richard Durn avait pour film culte le film dont Travis Bickle est le héros. Lorsqu’on m’abandonne ainsi je préfère taper sur des meubles car parfois je crois que je pourrais sortir dans la rue et éclater successivement la gueule des gens que je croiserais. N’importe qui.
Mon Dieu je n’en peux plus je vous le dis.

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