Brice
Hortefeux simple agent de la circulation posté au carrefour des
espoirs et des passions vise le mari. Avec sang-froid il vise la tête
et abat l’homme d’un seul coup. Voilà que la voiture fait une
embardée, le conducteur ne maîtrisant plus celle-ci l’envoie
s’emboutir dans la vitrine d’un magasin du groupe « Chez
Michou fleurs & plumes, nous faisons le bouquet vous ferez bien
le vase ».
N’écoutant
que son courage le brigadier Hortefeux se précipite couteau à la
main pour achever le conducteur qui semble se débattre encore.
Faisant visuellement un rapide constat à l’amiable il s’aperçoit
que les portières du véhicules sont criblées de traces de voiles
« une voiture trois-mâts?» s’interroge Capitaine-Brice
« sale affaire » conclut-il en son for intérieur lissant
une moustache qu’il n’a pas. Mais voilà qu’Hortefeux
tambourine à la portière « police ! ouvrez ! »...
« aAaAaAAhaAAAaAAh s’pas
moi»
entend-il pour toute réponse. L’intrépide Brice prend alors la
plus importante décision de sa carrière : il ouvre la porte
sans autorisation, conscient pourtant de la symbolique lourde de
sens, ce viol cette pénétration indue dans un corps moral étranger
en la forme d’une propriété privée roulante et qui plus est,
voilée (les roues).
« Aya
frère dis rien à ma femme pour les bières steuplé »
demande le conducteur hagard dans l’habitacle, écrasé encore par
les airbags qui tardent à se dégonfler. En effet sur le siège
passager sont alignées des canettes de « Tourtel ».
Vivement remonté par ce choix arbitraire d’une marque alsacienne,
Brice le flamand sent poindre l’exaspération des bafoués dans
leur identité. Refusant de prodiguer les premiers soins, l’enfiévré
Brice se contente de balancer au visage du malheureux un kit de
survie intitulé « faîtes
votre bouche-à-bouche vous-même »
puis l’aryen chauve tout feu tout flamme empoigne le bras du
malheureux bédouin pour lui administrer une prise de sang. Les
analyses tombent, elles sont formelles : le mari roulait avec 3
niquab par litre de sang soit 2 polygrammies de plus que la limite
autorisée par la loi Hadopi. « Niqab ton compte est bon ! »
s’écrie p’tit Brice raide comme la justice. Avec des gestes
parfaitement exécutés, des gestes précis, secs, hachés, Brice
extirpe un stylographe 0,9 mm au cliquetis ajustable de son plastron
ainsi qu’un bloc-notes spiralé réglementaire de sa besace de
chasseur, dans laquelle il enfourne en échange les cheveux du
levantin après l’avoir scalpé d’un geste dénotant une parfaite
maîtrise de soi. « J’ai été initié aux arts iroquois par
le marquis de Montcalm en personne ! » dira Sitting-Brice
pour toute explication.
Sourd
aux protestations des badauds ameutés peu à peu croyants à un
évènement « festif » l’inflexible Brice remplit la
contravention « oh non !... non... oh mssieuuu »
réclame la foule. Dura Lex, Sed Lex ! répond Caesar-Brice en
remettant d’un geste vif et sanguin comme sa couperose le mince
feuillet rosé au contrevenant chamelier, car Brice en pur esthète a
le sens du camaïeu dans les tons chauds. « Va et n’iquab
plus ! » conclut Rabbi-Brice. « Aya
ho tchoukar merci frère ho prends toi des bières prends toi des
bières stuveux nan ? ».
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