Bon
sang qu’est-ce que j’ai mal à la main droite... ça avait
pourtant bien commencé.
Une
sortie en solo... de bar en bar et d'inconnus en inconnus je vais
dans la nuit noire. Bruxelles se pare d’une apaisante tiédeur
après la torride journée qui a vu se révéler les plus charmantes
des femmes toutes en drapés et sandales dans les allées
de cette tour de Babel.
Je
traîne, je rencontre des types. Des Américains blancs de Detroit en
escale ici avant d'aller aux fêtes du débarquement en
Normandie, un céfran de 17 ans cuisinier classé 4ème ouvrier
de France ou un truc comme ça dans un « gastro » près
d’Albertville et sa sœur aînée qui l’encourage, qui le prend
dans ses bras c’est sa « deuxième mère » c’est la
seule qui ait cru en lui dans sa famille de cinq enfants, une sorte
d’Italien qui me dit qu’il va s’inscrire au MMA, et puis un
groupe d’étudiants en podologie dont une bretonne aryenne avec des
cheveux naturellement blonds et bouclés vraiment une incroyable
meuf...Et puis m’barre vers 4h et vais manger un pita-fallafel dans
un établissement glauque, là j’y rencontre 2 types marrants,
espagnol et mexicain qui bossent à Francfort chez Panasonic et on
parle du Japon, on sympathise et on se trisse dans les rues à la
recherche d’un truc encore ouvert. On croise des types qui nous
disent qu’ils vont dans un bar sympa. On y va. En effet c’est
sympa. Grande salle en bois, les enceintes crachent des
morceaux des Doors et les filles dansent pied nus, je bois des
bières et regarde à l'écart. Une nana petite en robe courte
avec des gros seins vient me voir, me dit de venir avec elle et sa
copine dans un autre bar ou elles comptent aller. Bon d’accord. Sa
copine... C’est une aryenne incroyable, elle a 20 ans elle
ressemble à Jane Birkin sur la photo. Elle me dit qu’elle est
« moitié berbère du Maroc»... Putain qu’elle est
belle. Et dans ses manières, dans ses gestes, c'est plein de
douceur... Elle est pleine d’effets de cheveux qui se recoiffent en
ondes langoureuses, elle s’appelle Zara... On arrive, on s’assoit.
La fille à gros seins se tourne vers moi avec une jambe montée sur
la banquette, accès visuel direct à sa chatte, et me parle de son
mec qu’elle n’a plus. J’oublie une main sur sa jambe nue mais
en fait elle je m’en fous, c’est Zara que je veux. Zara
me presse, Zara me parle...Je ne sais ce qu’elle me dit et ses
mains à Zara touchent mes épaules à chaque intonation, et son
parfum fleuri emplit mon espace privatif... La copine à gros seins
parle avec Zara, puis nous laisse. Au revoir. Me voilà seul avec une
Jane Birkin de 20 ans. C'est trop beau pour être vrai, voilà
exactement ce que je pense alors.
Un
type en marcel imbibé de tâches s’approche. C’est un ex-barman,
ou un barman qui a fini ses heures je n’ai pas bien compris. C’est
un Louis Garrel à boucles noires. Il me voit avec Zara. Apparemment
il la connaît. Il m’adresse un doigt d’honneur. Apparemment il
est bourré. Doigt d’honneur encore... Il est protégé par
les videurs, il ne se sent plus. Encore le même geste et il me dit
« dégage » deux ou trois fois... Je sens la haine
monter. J’ai pas envie de philosopher. Je lui propose de sortir
régler ça. Il refuse. Alors je lui promets les yeux dans les yeux
que je vais lui « niquer
sa mère la pute ».
Une main m’alpague aussitôt par derrière, me tire, me pousse, me
sort, c’est le videur noir qu'est pas content là...
Sur le trottoir je prends son accent pour lui expliquer que
« le monsieur
dedans a fait pwovocation là »,
que « pas
bon compowtement là »...
Il me dit de dégager lui aussi. Eh bien d’accord, je dégage. Dans
la rue, derrière une cabane de chantier j’attends, ivre et
vénère... J’attends... Voilà qu’elle sort la Zara. Mais et le
type ? Le voilà ! Le bouclé à marcel ! J’y vais.
Doucement... La rue, je le suis ... Ils tournent à l’angle... Je
presse le pas, je veux pas le rater.... Ca y est les revoilà !
Je fonce... J’arrive... Je ralentis. Je zippe ma Ralph Lauren
jusqu'en haut. Je vais me battre. Je suis sur lui. Le Louis Garrel.
Le sale fils de pute je vais le marraver le défoncer. Pour toutes
les humiliations de ce genre ou j'ai mille fois fermé ma gueule. J’y
suis. La Zara elle me voit débarquer, à peine le temps de
crier « attention ! »,
le type se retourne, trop tard je le pousse ! Il avance forcé...
Je suis sur lui ! Le canon de tribord en pilote automatique...
BAAM... coup au but ! Et puis le gauche, et puis le droit
encore... Je lui écrase sa gueule à ce fils de pute... Je gueule
des trucs, des amabilités... Enculé de ton père et de ta mère tu
marches sur mes plates-bandes, et tu m’insultes ? Et BAAM une
énorme droite dans sa gueule... Et BAAM un horrible uppercut du
gauche... Il trébuche, il sait plus ou est le jour ou est la nuit le
minet, le pédouzé... Il est 7 h du matin gros... Des passants me
poussent, m’empêchent de l’achever le Louis Garrel, le Louis
Marcel... Je crie encore des trucs... Je sais pas quoi... « J’t’avais
dit que je te niquerais ta mère la pute ! » voilà... Il
titube le bouclé... Il est éberlué, se raccroche à un montant
métallique de l'arrêt de bus "De Brouckère"... La nana
la Zara elle bouge pas, elle assiste... Spectatrice. Elle a l'air
étonnée. Toute la rue me regarde. Je me trisse à pied, sans
courir... Je continue à gueuler jusqu'au moment de tourner au coin,
putain je me soulage... Les bras écartés comme Ronaldo buteur en
1997 au Barça. Je me sens plus péter... M’barre... Fils de lâche
tu fais moins le malin, avec deux ou trois salves dans les
bouclettes...
Je
rentre à pied. Le ciel est très bleu, les rayons du soleil colorent
les façades en lumière rasante, d’abord aux cimes, puis descend
peu à peu le long des fenêtres le long des pierres au fil des
minutes, au fil du trajet... Jusqu'aux portes, jusqu'aux trottoirs.
Au square Marguerite je croise un type qui se brosse les dents tout
en marchant. Avec son attaché-case. Il m'explique que c'est
pour gagner du temps. Il va à son travail.
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