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mardi 18 août 2015

04.06.2010 - Marrave pour Jane Birkin




Bon sang qu’est-ce que j’ai mal à la main droite... ça avait pourtant bien commencé.
Une sortie en solo... de bar en bar et d'inconnus en inconnus je vais dans la nuit noire. Bruxelles se pare d’une apaisante tiédeur après la torride journée qui a vu se révéler les plus charmantes des femmes toutes en drapés et sandales dans les allées de cette tour de Babel.
Je traîne, je rencontre des types. Des Américains blancs de Detroit en escale ici avant d'aller aux fêtes du débarquement en Normandie, un céfran de 17 ans cuisinier classé 4ème ouvrier de France ou un truc comme ça dans un « gastro » près d’Albertville et sa sœur aînée qui l’encourage, qui le prend dans ses bras c’est sa « deuxième mère » c’est la seule qui ait cru en lui dans sa famille de cinq enfants, une sorte d’Italien qui me dit qu’il va s’inscrire au MMA, et puis un groupe d’étudiants en podologie dont une bretonne aryenne avec des cheveux naturellement blonds et bouclés vraiment une incroyable meuf...Et puis m’barre vers 4h et vais manger un pita-fallafel dans un établissement glauque, là j’y rencontre 2 types marrants, espagnol et mexicain qui bossent à Francfort chez Panasonic et on parle du Japon, on sympathise et on se trisse dans les rues à la recherche d’un truc encore ouvert. On croise des types qui nous disent qu’ils vont dans un bar sympa. On y va. En effet c’est sympa. Grande salle en bois, les enceintes crachent des morceaux des Doors et les filles dansent pied nus, je bois des bières et regarde à l'écart. Une nana petite en robe courte avec des gros seins vient me voir, me dit de venir avec elle et sa copine dans un autre bar ou elles comptent aller. Bon d’accord. Sa copine... C’est une aryenne incroyable, elle a 20 ans elle ressemble à Jane Birkin sur la photo. Elle me dit qu’elle est « moitié berbère du Maroc»... Putain qu’elle est belle. Et dans ses manières, dans ses gestes, c'est plein de douceur... Elle est pleine d’effets de cheveux qui se recoiffent en ondes langoureuses, elle s’appelle Zara... On arrive, on s’assoit. La fille à gros seins se tourne vers moi avec une jambe montée sur la banquette, accès visuel direct à sa chatte, et me parle de son mec qu’elle n’a plus. J’oublie une main sur sa jambe nue mais en fait elle je m’en fous, c’est Zara que je veux. Zara me presse, Zara me parle...Je ne sais ce qu’elle me dit et ses mains à Zara touchent mes épaules à chaque intonation, et son parfum fleuri emplit mon espace privatif... La copine à gros seins parle avec Zara, puis nous laisse. Au revoir. Me voilà seul avec une Jane Birkin de 20 ans. C'est trop beau pour être vrai, voilà exactement ce que je pense alors.
Un type en marcel imbibé de tâches s’approche. C’est un ex-barman, ou un barman qui a fini ses heures je n’ai pas bien compris. C’est un Louis Garrel à boucles noires. Il me voit avec Zara. Apparemment il la connaît. Il m’adresse un doigt d’honneur. Apparemment il est bourré. Doigt d’honneur encore...  Il est protégé par les videurs, il ne se sent plus. Encore le même geste et il me dit « dégage » deux ou trois fois... Je sens la haine monter. J’ai pas envie de philosopher. Je lui propose de sortir régler ça. Il refuse. Alors je lui promets les yeux dans les yeux que je vais lui « niquer sa mère la pute ». Une main m’alpague aussitôt par derrière, me tire, me pousse, me sort, c’est le videur noir qu'est pas content ... Sur le trottoir je prends son accent pour lui expliquer que « le monsieur dedans a fait pwovocation là », que « pas bon compowtement là »... Il me dit de dégager lui aussi. Eh bien d’accord, je dégage. Dans la rue, derrière une cabane de chantier j’attends, ivre et vénère... J’attends... Voilà qu’elle sort la Zara. Mais et le type ? Le voilà ! Le bouclé à marcel ! J’y vais. Doucement... La rue, je le suis ... Ils tournent à l’angle... Je presse le pas, je veux pas le rater.... Ca y est les revoilà ! Je fonce... J’arrive... Je ralentis. Je zippe ma Ralph Lauren jusqu'en haut. Je vais me battre. Je suis sur lui. Le Louis Garrel. Le sale fils de pute je vais le marraver le défoncer. Pour toutes les humiliations de ce genre ou j'ai mille fois fermé ma gueule. J’y suis. La Zara elle me voit débarquer,  à peine le temps de crier « attention ! », le type se retourne, trop tard je le pousse ! Il avance forcé... Je suis sur lui ! Le canon de tribord en pilote automatique...  BAAM... coup au but ! Et puis le gauche, et puis le droit encore... Je lui écrase sa gueule à ce fils de pute... Je gueule des trucs, des amabilités... Enculé de ton père et de ta mère tu marches sur mes plates-bandes, et tu m’insultes ? Et BAAM une énorme droite dans sa gueule... Et BAAM un horrible uppercut du gauche... Il trébuche, il sait plus ou est le jour ou est la nuit le minet, le pédouzé... Il est 7 h du matin gros... Des passants me poussent, m’empêchent de l’achever le Louis Garrel, le Louis Marcel... Je crie encore des trucs... Je sais pas quoi... « J’t’avais dit que je te niquerais ta mère la pute ! » voilà... Il titube le bouclé... Il est éberlué, se raccroche à un montant métallique de l'arrêt de bus "De Brouckère"... La nana la Zara elle bouge pas, elle assiste... Spectatrice. Elle a l'air étonnée. Toute la rue me regarde. Je me trisse à pied, sans courir... Je continue à gueuler jusqu'au moment de tourner au coin, putain je me soulage... Les bras écartés comme Ronaldo buteur en 1997 au Barça. Je me sens plus péter... M’barre... Fils de lâche tu fais moins le malin, avec deux ou trois salves dans les bouclettes...
Je rentre à pied. Le ciel est très bleu, les rayons du soleil colorent les façades en lumière rasante, d’abord aux cimes, puis descend peu à peu le long des fenêtres le long des pierres au fil des minutes, au fil du trajet... Jusqu'aux portes, jusqu'aux trottoirs. Au square Marguerite je croise un type qui se brosse les dents tout en marchant. Avec son attaché-case. Il m'explique que c'est pour gagner du temps. Il va à son travail.

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