11.05.2010 - Hommage au Commercial Inconnu

Exemple de tronche de commercial (Freddie Lefebvre)

Commercial Inconnu, qu’hommage te soit rendu… Tu as développé tes rookies, tu as une très bonne maîtrise de ton marché grâce à ton market mapping et à ta work ethic, et aussi un très bon contrôle-client. Bravo pour ton contrôle-client. Ton average weekly billing est consistent par rapport à ton total billing. Tu billes tellement bien. J’aime ton average weekly billing. Tu as une très bonne positivité. J’aime ton attitude. J’aime ta positivité-client. Dans les moments difficiles tu es resilient. J’aime ta résilience. J’aime la consistency de ton average weekly billing. J’aime le niveau de tes activités, la longueur de tes phone stats et ton niveau d’ambition. Il faut maximiser ton niveau d’ambition afin qu’il atteigne 75% de ta positivité-client sur les 3 derniers mois. Tu asschédulé combien de managers meeting pour ce quarter ? J’aime ton contrôle d’appel, tes WRIOCet tes USP, tes probing et tes appels de vente qui influencent le client. J’aime ton influence-client. Tu seras bientôt promu « country manager » pour tout le sud-est de Perpignan. Tu rapportes plus que moi à la société. Ta positivité et tes achievements me lead vers une compétition positive. J’apprends tellement à ton contact. Commercial inconnu merci de faire ce que tu fais. Merci d’être ce que tu es.

Commercial Inconnu !… Au fur et à mesure des années tu t’épanouis lentement dans ton job comme ton corps engraissé boursoufle peu à peu tes costumes mal coupés. Les souliers cirés au crachat dans l’ascenseur et lustrés contre le bas du tissu de la jambe opposée en témoignent : tu manques de temps et d’argent, la profession est dure ! Les profits se raréfient ! Commercial Inconnu !… Tiens bon la barre !

Véritable figure de proue du navire qui t’emploie tu séduis les icebergs prospectés en « cold-calling ». Tu sais les amener à la fonte, les émoustiller par mille ice-breaking car tu bouillonnes d’arguments de vente. Avant de sonner chez le client tu vérifies la moiteur de tes mains. As-tu bien pris tes échantillons ? Préparé tes USP et tes contre-arguments ?  Ton haleine attention ! N’oublie pas de sourire. Ne croise jamais les bras. Perds l’habitude de remuer les mains. Assures-toi que ta voix est dans les basses. Plante-toi devant cet inconnu en étant complètement détendu mais sans l’être vraiment tu comprends ? Sois et deviens ce « bon vendeur » raconté en mille bouquins du rayon « business » des librairies. Sois à l’écoute du client. Mais force-lui la main. Ne te met pas de pression. Mais sache que si tu rates ta target tu seras viré. C’est compris ? Allez va !…

Commercial Inconnu !… Intrépide fourgueur de merde à l’impayable culot tu crois en ton produit et restes droit dans tes bottes face aux « c’est trop cher ! » des clients ingrats… « Pour gagner il faut y mettre le prix » réponds-tu sans ciller à l’interlocuteur de 30 ans ton aîné. « Trop cher comparé à quoi ? » ajoutes-tu avec ruse. « La qualité a un prix » conclues-tu en digne ambassadeur de ruban tue-mouches. Tu le sais : un « non » n’est pas une menace pour ta vente mais plutôt une « opportunité de convaincre ». Il n’y a pas de gens réticents, il n’y a que des futurs clients qui émettent des « objections ». Usant de ta science tu identifies les objections et t’emploies à les retourner car tu veux ta COM’, tu veux ta VENTE, et tu ne partiras pas d’ici sans ton contrat signé.

Commercial Inconnu, dernier maillon de la chaîne, tu es le prolo du tertiaire en première ligne des batailles commerciales. Poussé au cul par l’état-major d’un côté, et reçu par des rangées de baïonnettes de l’autre côté tu n’as d’autre choix que de vaincre ou d’être éliminé, de vendre ou d’être viré. « Monsieur vous n’avez pas atteint vos zobjéctifs ! » ne te seras jamais adressé. L’appât du gain te guide dans la nuit des récessions mondiales, et ton team-leader apprécie chez toi cette dimension « money-driven ». L’innocence a logiquement disparu de ton visage ravagé des microcoupures du quotidien rasage, la sueur perle à ton front dégarni et tu as oublié un peu de mousse à raser dans ton oreille droite. Des poils y poussent inopportunément aux lobes, prends garde ! et ton haleine laisse parfois à désirer. Ne présume pas du pouvoir « H24 » de ton déo à bille ni de sa technologie anti-traces. Ne te laisse pas closer par autrui, ne te laisse pas vendre des promesses. Ton métier t’apprend que tout est négociation… Bannis la faute de goût ! La chemisette-cravate et les mocassins-chaussettes de sport, la cravate blanche sur chemise noire et la gourmette nominative… Opte pour la classe américaine, sois ténébreux cow-boy défricheur de far-west chevauchant les zones industrielles, explorant de nouveaux segments de marché sur les niches « saucisson sec »…  « papier toilette »… «thermomètre électronique »… Va !… Va into the wild ! Apporter la lumière aux PME!

Commercial Inconnu !… Infatigable découvreur, tu plantes ton étendard marqué « Cochonou » sur des territoires vierges de concurrence. Tu t’en vas par monts et par vaux en voiture de société (p’tit V6 c’est bon ça) sur les routes du libre-échange avec Garou poussé à fond dans l’autoradio. Tu frissonnes sur la chanson « celui qui n’a jamais été seul » car tu caches une sensibilité « dans le fond » comme tu aimes à le rappeler. Au dîner-buffet du Novotel tu choisis l’entrecôte-frites et reprends trois fois de la sauce au beurre. Dans la chambre tu mets la clim’ et te masturbes sur un pay-per-view de la chaîne de cul (‘tain elle est sympa la ptite là). Soulagé tu t’essuies dans les draps et t’endors aussitôt.