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mardi 18 août 2015

12.04.2010 - Drapeau Caritas Est



Je regarde sur ma gauche : R. A. S.
Sur ma droite : des chiens de la casse tenus en laisse
Booba
Je regarde à gauche et vois des petits chapons excités qui parlent de « société ». Sur ma droite: des lettrés qui virent cuistres et parlent du concept de France au lieu de parler de la France.
Il y a quelque chose de pourri au royaume de France. De pourri ? Je vais vous dire (moi le bâtard). C’est que y a pas assez d’amour gratuit de la France voilà. Amour, de caritas, « faire attention à », « prendre soin de ». Pas assez d’amour d’un point de repère commun, amour irrationnel amour qui se joue des argumentations et des raisonnements raisonnables. L’on s’en rend compte lorsqu’on va à l’étranger, lorsqu’on franchit la Manche. La nation de boutiquiers a bien le sens du gratuit. Du gratuit fermage de gueule et du gratuit salut au drapeau. Malgré toutes les saloperies qu’ils ont prises sur le coin de la gueule (certes ils en ont pris bien moins que les Céfrans) malgré tout ce qu’on a pu leur dire pour essayer de les dégoûter de l’Union Jack ils aiment leur île pourrie ou il ne fait jamais soleil comme leurs mères aux yeux bleus. Malgré This is England.


On ne jette pas son drapeau dans la flotte à la fin. Le drapeau c’est le symbole de la cohésion de millions de gens qui vivent en promiscuité. Cette Pax Romana là, celui qui la jette à la mer commet un sacrilège. Car alors c’est lui le facho le méchant le lâche, le diviseur et l’apporteur de guerre civile. Un drapeau ça se préserve avec mille précautions, tout doucement que ça se manie comme un petit chat, c’est précieux.
J’ai fait du TIG au service « matériel et pavoisement » de la mairie de Grenoble au mois de Juillet 2004. En prévision du 14, le boulot consistait à accrocher des centaines de drapeaux BBR bien haut à toutes les hampes de la ville et celui qui fait une allusion graveleuse je l’emmerde. Un travail formidable avec des gens formidables, j’ai rarement été aussi heureux de bosser. Des Gérard quadragénéaires et des Michel moustachus et des Kader un peu aussi. Au début on ne s’aimait pas et puis peu à peu on a fraternisés. Autour du drapeau en fait. J’aime à voir les choses comme ça « oui parce que je suis lyrique alors euh… un peu con ». (à 0:27)
Quand on aime son pays on aime les autres, on aime les gens, on a une histoire avec eux, on a des raisons d’écraser son petit ego pour laisser davantage de place à la véritable et non moins galvaudée notion de vivre ensemble et de communauté d’émotion. C’est de l’impardonnable non-humilité face au drapeau de nos pères que naît la désunion et tout le merdier. Flag of our fathers traduit en français ça fait rigoler les cons, en Amérique ça fait rien de moins que le titre d’un film grandiose. Le patriotisme c’est l’amour du prochain, un truc de gauche si l’on veut outrageusement simplifier. Donc le patriotisme c’est le minimum légal voilà. Ensuite d’accord éventuellement on peut aller voir vers la fleur-de-lys, s’étonner que Louis XVI n’était en effet pas du tout un tyran… Mais d’abord que le curseur soit bien au centre : à gauche la République, à droite la France. Parce que le curseur est tellement déboussolé qu’en 2010 il indique « à gauche l’anarchie, à droite la sociale-dem’. ». En toutes choses et surtout en politique il est si difficile de construire, et si facile de détruire. D’agrandir la brèche dans la coque par laquelle s’engouffrent monceaux de limon, eau salée, pieuvres infâmes et araignées de mer dégueulasses… Arrivage quotidien. Facile de dire que de toute façon si ça foire on refera tout en beaucoup plus mieux en beaucoup plus meilleur mais autre part, une autre fois, nous les perpétuels réinventeurs de société interchangeable…

Pardon je cause comme si nous étions encore en 1920, comme si l’on pouvait encore faire quelque chose… Mais ils sont déplaisants ces gens qui parlent de la France comme si c’était un truc lointain, qui ne nous concerne pas. Comme si on n’était pas en prise directe avec elle comme par perfusion d’oxygène, de par notre nom notre langue nos manières nos références… Loin du français je meurs disait Céline. Lorsqu’il est question de patrie, celui qui se targue d’avoir de la distance est un cuistre ou un imbécile. Regardez Titanic : ils font les malins les bonhommes accoudés au bastingage quand les canots descendent, ils veulent encore jouer aux gentlemen flegmatiques… Oui mais voilà ils sont sur le bateau ! Ils oublient qu’ils vivent et respirent grâce au bateau… Et y a plus de gentlemanie qui tienne lorsque vingt minutes plus tard tu surnages bouche ouverte et poumons bloqués au dessus de trois mille mètres d’eau glaciale en pleine nuit et à 800 kilomètres de la première terre qui est le Groënland. Ca meurt comment un gentleman ? Est-ce que ça suffoque avec élégance peut-être ? Se noie en révérence ? Retirant ses gants blancs pour un dernier « au revoir » main qui dépasse de l’eau et disparaît engloutie joliment ? La belle foutaise… Vraiment nous ne nous suffisons pas à nous même et il faut se faire humble devant la France, devant ce qui rassemble.
Vraiment il n’y a pas de quoi faire les malins à regarder son pays couler et à dire « je vous l’avais bien dit » comme un Soral épileptique « mais ça ! J’avais tout prophétisé dés 1987 si on lit mes livres hein on se rend compte que j’avais produit cette analyse SERIEUSE hein… et euh voilà». Mec mais t’as rien produit du tout remballe… Faut pas être grand clerc pour comprendre que 400 000 haineux et monochromes « nouveaux arrivants » par an ça sent le naufrage… Orgueilleux arnaqueur on t’en foutra de la production d’analyses… Gauche du travail droite des valeurs tu l’as inventé peut être ? Traduit en un mot composé ça donne national-socialisme et tu le sais… Moi je dis qu’il n’y a de véritable patriote que celui qui fait rempart de son corps, couché en travers du débarcadère des ferrys à Marseille pour empêcher que le haillon du bateau ne puisse se poser normalement. Regardez en Israël les colons Hassidim. On peut aimer ou pas ce n’est pas le problème. Mais expulsés au bulldozer et à la scie à métaux ils s’acharnent encore à s’agripper aux parpaings, tirés aux pieds par quatre soldats. Si ces gens là ne sont pas « lumière du monde » comme ils le prétendent, au moins ils nous éclairent là sur ce que peut signifier l’amour de son pays et l’amour de son peuple. Bien loin des « à quoi bon » et des « ça sert à rien ».
La seule épreuve dans les choses de l’idéal, c’est la dérouillade personnelle, sans phrases, sans spectateurs, au petit matin... sortir du couvert, comme un condamné à mort, amener sa viande aux "barbelés", au niveau des plus hautes idées, beaucoup plus haut en fait que les plus hautes Idées... Voilà qui compte... LF Céline 1937
Que les outrages au drapeau ne soient pas punis assez sévèrement chez nous c’est bien la preuve de cette carence en patriotisme gratuit, évident. Connaissez-vous le délicat photographe Frédéric Laurent ?
C’est du manque d’une forme très naïve et spontanée je le crois, d’amour, que ce pays se meurt. Un amour très simple, presque imbécile, forcené. Comme ces zalgériens qui ont la fierté de leur drapeau, qui parlent de leurs « frères » et de leurs « martyrs ». Nous, nos frères aux yeux bleus meurent dans la rue en tendant la main. Ils ne meurent pas de faim car il est impossible de mourir de faim chez nous. Ils meurent d’autre chose, ils meurent en esprit. Ce n’est pas du flan ces choses là, l’esprit, les nourritures spirituelles.
Et l’on finira par la B.O. de A Serious Man qui était aussi celle de Disjoncté
Somebody to Love 
(Jefferson Airplane, 1967)
When the truth is found to be lies
and all the joys within you dies
don't you want somebody to love
don't you need somebody to love
wouldn't you love somebody to love
you better find somebody to love

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