Peu
de sommeil et beaucoup de rencontres... Une continue farandole de
gens, des gens qui sourient, à qui j’ai envie de sourire, un mode
de vie plus détendu. C’est parce que « ce
blog va changer »
c’est parce que « il
m’est arrivé quelque chose de bien particulier ».
Peut être qu’un jour je vous raconterai.
Je
rencontre des gens qui galèrent avec leurs fins de mois, mais qui
sont heureux. Ce qui signifie : ils sont vivants, et ils n’ont
pas peur. Qui sont-ils ces gens ? Des gauchistes intelligents...
des Cathos, des Araméens, des Libanais, des Américains, des Arabes,
des Belges, des Céfrans, des Nobles, un « Pélagien »...
La peur de manquer d’argent m’a poussé à faire des conneries
parfois. Par exemple, bosser dans un truc haï, détester tout le
monde, m’enfermer, ne plus voir personne.
Peut
être que rien ne va changer. Peut être que je vais me planter
une fois de plus. Que l’orgueil va me rattraper. Seigneur je m’en
remets à vous. Peu importe ce qui arrivera je veux être toujours
avec vous. Utilisez-moi pour faire le bien, mettez-moi au service des
miens et des autres. Inspirez moi pour trouver comment les aider, et
que surtout jamais je ne me serve de cela pour me vanter, que dans
cette charité ceux que j’aide ignorent d’ou cette aide vient.
Faites que je ne cherche plus à posséder et à écraser ce qui est
autour de moi. Faites que je ne cesse de vous chercher humblement,
patiemment, constamment. Que je ne sois point prosélyte, mais
disciple de votre enseignement. Voilà. Amen.
Bruxelles
se pare de ses plus beaux atours, c’est Juin et les femmes de
toutes les races resplendissent une dernière fois avant leurs
départs en vacances... Et après on ne les verra plus. La fille
rencontrée dans le bar, celle qui a demandé mon numéro, là voilà
devant moi un soir dans une rue bourgeoise désertée. Il est 2
heures. C’est sa porte là. Elle me dit que je l’intimide. Je n’y
tiens plus faut que je l’embrasse. Je le fais. On parle. On le
refait. Elle rentre. Au revoir. Je rentre.
Un
autre soir une femme de quarante ans méditerranéenne me raconte sa
vie. Elle a eu 2 enfants de deux hommes différents au cours de sa
vie. L’un de ces hommes a rendu l’âme en 2000. Elle a eu bien
des malheurs. A chaque fois elle est repartie dans la vie. Je lui
demande si elle croit en Dieu. Elle me dit que oui. Elle va se marier
avec un Norvégien. Il est là d’ailleurs, le futur mari. Un
parfait Aryen. Ils ont l’air très complices et complémentaires.
20 ans qu’elle est là dit-elle, et Bruxelles est une merveilleuse
ville, nous sommes d’accord là-dessus.
Un
autre soir encore un Français brillant et moi nous nous serrons la
main au milieu d’une place. On s’installe pour boire des bières.
Il me parle du ministre de l’Intérieur de Côte d’Ivoire qu’il
connaît bien. Un monsieur qui pince les fesses des femmes dans les
mariages, qui vante les mérites de l’Afrique terre magnifique puis
se bourre la gueule, s’affaisse à une table et se met à gueuler
dramatiquement que « L’Afrique on est foutus !....
Aaaaah ! Revenez les Blancs !... » puis qui alpague
les jeunes cadres dynamiques caucasiens en leur disant « toi tu
es droit toi je le sais je le sens... Viens avec nous au pays là !
Je te donne un poste en or ! Viens ! Allez viens ! ».
Puis le Français brillant dit qu’il est d’origine italienne. Du
sud. Pourtant il a le type aryen. Les yeux et les cheveux clairs et
la peau claire. Faudra bien un jour que je lise Dumézil... On peut
pas tout faire à la fois c’est terrible. Il faut faire des choix.
Comprendre quelles sont les priorités. Puis le Français brillant me
dit qu’il est pélagien. La pluie se met à tomber. Je lui dit que
Céline a été analysé comme pélagien par Paul del Perugia. Que le
paganisme revendiqué de Céline est peut être en réalité un
christianisme honteux, en tout cas c’est ce qu’explique
cette émission
assez empreinte de mysticisme.
Le téléphone du Français brillant se met à sonner. Il
décroche. Son visage devient stupeur. Au bout du fil c’est une
amie à lui toute en pleurs qui vient d’apprendre que sa cousine
s’est tout juste suicidée. Le bonhomme se reprend, il parle, il
contient le flot, il endigue, il pose des sacs de sable, à la fois
très responsable et très divertissant, il s’applique à un
admirable travail de réparation. Il est très fort, il maîtrise peu
à peu... La fille se calme mais il s’en va de ce pas pour rentrer
chez lui et l’appeler sur Skype. Il ne faut pas qu’elle reste
seule à cogiter jusqu’au retour de son mec... Dans deux heures.
Deux heures de Skype il se prépare à, le Français brillant. On se
dit au revoir. La pluie s’arrête.
Je
vais voir un truc au cinéma. Je vais à Matongé c’est un quartier
« africain » ou se trouvent des cinémas. Dans une rue
pourrie je croise un Noir à cheveux teints en blond qui me demande
si je veux de la skunk. Il me sort des tas de sachet. Il me dit qu’il
a 14 frères et sœurs dans un appartement pas loin, que c’est la
misère, qu’il faut qu’il aide sa mère... Est-ce que c’est
vrai ? Je le fais parler. Je prends son numéro. Il est prêt à
bosser même au noir. Je lui ai dit que je bosse dans un cabinet de
recrutement, que je vais « activer mes réseaux ». Mais
il cherche dans la maçonnerie. On fait pas dans ce domaine. Je
trouverai sûrement un truc. Il aura qu’à juger. Si ça lui va il
ira. Je vais m’acheter des bières chez l’indien. Je ressors. Un
grand vieux noir se jette sur moi avec un kebab dans les mains. Il me
dit paniqué : « t’as
pas de la sauce mec ?? T’as pas de la sauce ?? ».
Il a l’air ouf. Je lui dit que je n’ai pas de sauce. Je marche
vers le cinéma. Un Noir habillé tout en blanc court de toutes ses
forces dans la rue sur la chaussée, il se retourne, il court, il se
retourne... Il fuit quelque chose. Il a un sac en
plastique remplit avec quelque chose dans les mains.Impression d’être
dans le Brooklyn de Taxi Driver, de Bad Lieutenant et de A tombeau
ouvert. Les lumières, les gens, l’atmosphère... C’est tout
pareil.
J’arrive
au cinéma. Une nana sublime m’embrasse sur la joue et me paie
l’entrée. C’est la maîtresse de maison d’une fête précédente
(Bruxelles c’est
Paris d’il y a 20 ans).
Le film projeté est un documentaire sur un bonhomme résidant à
Charleroi. Un White working poor de 19 ans qui aide sa mère, un type
incroyable. Bon sang de bon sang ce n’est pas vrai... On pourrait
juger ce type, le mépriser... Et ça l’enfoncerait ignoblement. Si
vous saviez dans quoi il habite... Lui et les siens se soutiennent,
ils s’entraident, ils vivent de trois fois rien, là sur l’écran...
Ils sont à fleur de peau, leur monde peut voler en éclat au moindre
écart, à la moindre infortune... J’en reviens pas de ce truc. Et
moi comme un pauvre con je suis là à tourner en rond comme un lion
dans une cage ouverte, dans cette boîte de merde... Ca va changer.
Plus
tard dans un bar je bois de l’eau sinon je vais être ivre. Faut
juste être « gai » pas ivre, voilà ce qu’il faut.
C’est pas commode à maîtriser. Je suis assis en terrasse dans la
nuit, avec des types autour. Des gauchistes intelligents. Dans le bar
j’aperçois un Noir à dreads et sur ses genoux une caucasienne
toute offerte en bouche et sourires. On ne pourra pas empêcher ce
qui se prépare. « Exerce
ta volonté à renoncer »
j’ai entendu ça dans Star Wars. C’est dans Boudha aussi. Et dans
la Bible surtout. Et puis en nous quelque part. Je crois. Sur la
chaussée interdite aux voitures une petite fille noire, une toute
petite fille, qui crie et chante et saute à pied joint et qui répète
ceci « c’est
ma famille ! c’est-ma-fa-mille ! »...
Elle semble absolument ravie. Autour d’elle, assis ça et là sur
des chaises de jardin éparses, sont des filles et garçons noirs
plus petits encore qu’elle, et ils sont très calmes. Une femme
noire passe dans la rue. Elle fout la merde. La mère arrive, gueule
sur les enfants, ils se mettent tous à pleurer, ils rentrent. Et
pourtant il faut que les enfants rentrent chez leur mère...
M’est
bien égal que l’on trouve que je dis des banalités. Que Lounès
Darbois c’était mieux quand il fulminait sur les femmes. Je ne
retire rien de ce que j’ai écrit. C’est bien moi qui ait écrit
tout cela. Et mon vrai nom n’est pas Lounès.
Ma
voisine de table est superbe. Très excitante, très brune très
blanche, très fine et sportive. Le genre qui donne envie de baiser.
Elle est avec son mec. Mais au lieu d’imaginer à comment il doit
la baiser je discute avec lui. Il me parle de son stage à la
commission européenne. Un marécage à fonctionnaires administratifs
déprimés assure-t-il. Y a comme ça un mec dedans qui s’est
laissé pousser les ongles et la barbe de plus de 10 centimètres
parce qu’il bosse dedans depuis 3 ans et que personne ne lui a
JAMAIS dit quoi faire et que ça le déprime. Puis la conversation
bifurque sur Céline. A ma grande surprise il me dit qu’il aime cet
auteur, qu’il est venu à le lire parce qu’il avait entendu son
phrasé étonnant dans une interview vidéo sur Youtube. Céline a
écrit le plus beau livre jamais écrit en langue française :
Mort à Crédit. Faut le lire à partir de « Le
siècle dernier je peux en parler je l’ai vu finir »
pour bien rentrer dedans la première fois. Je crois. Ensuite il
parle d’Ivry, puis des livraisons de son père, puis de sa
grand-mère, de la vie quotidienne, de ses boulots d’apprenti, de
l’Angleterre, d’une nana, d’un retour calamiteux, d’échecs
grotesques, d’un maître farfelu (Courtial) puis enfin de son
désespoir et de sa décision de s’engager à l’armée. Et le
livre finit par une conversation entre lui et son oncle bienveillant
qui le rassure, le console et l’accompagne. La dernière phrase
« non mon oncle » signifie que la lumière de la chambre
s’éteint, et qu’ainsi c’est toute l’enfance de Céline qui
finit, et qu’il s’endort. Car le lendemain il est censé
s’engager à l’armée, or cette étape de la vie des adolescents
a toujours connoté leur entrée dans l’âge adulte. Mort à Crédit
est un livre sur l’enfance. Et ce livre draîne dans les pages tout
l’esprit français, un esprit incroyablement riche, dansant,
subtil... En un mot :spirituel.
Laissez tomber les manuels sur l’histoire de France, sur la
sociologie, les sciences humaines. Car toutes ces disciplines sont
vivantes dans Mort à Crédit.
Tout
le monde se barre. J’échoue dans un kebab araméen. Je prends un
gros sandwich et des frites. M’étonne du montant modique de
l’addition. Je le fais savoir. Je mange en pensant à la fille,
celle du baiser devant la porte. Je me trisse dans des rues très
sombres, sous des platanes et sans éclairage. J’écoute « an
ending »
de Brian Eno dans le wakos. Plus loin dans une rue déserte un Arabe
déboule à l’angle, il fonce il fonce il court, il souffre, son
visage est tordu de douleur par l’effort. Il fuit. Il tient dans sa
main un truc. 2 jeunes Caucasiens habillés en skateur déboulent à
leur tour, l’un d’eux est très très blond. Ils poursuivent
l’Arabe. Je les regarde passer. Ils courent les deux
types, ils courent là bas dans la rue, ils s’en vont... L’Arabe
tourne, s’engouffre dans un garage. Les deux skateurs s’engouffrent
aussi. C’est sûrement un piège les gars... faites gaffe... Plus
un bruit dans la rue. Ils ressortent vite les deux gars. Ils
reviennent en marchant. Sont essoufflés. Je les attends. Je les
aborde. Je leur demande. Ils me répondent que le type avait chourave
le portefeuille du blond. Qu’ils l’ont chopés dans un garage et
l’ont roustés et sont ressortis. Le voleur avait employé la
technique « je
te parle gentiment et puis je tire ton larfeuille et je cours ».
Ils parlent un anglais chewing-gum les skateurs. Pas british en tout
cas. Je leur dit bienvenue à Bruxelles. Je rentre. J’écris ce
texte. Salut.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci d'utiliser, au minimum, un pseudo.
A défaut, je supprimerai le commentaire.
Merci à vous!