Au
hasard de la lecture aléatoire le mp3 se met à jouer ce machin de
variété auquel je n’ai jamais prêté attention par le passé.
C’est ce genre de moment ou l’état d’esprit se trouve être
parfaitement traduit par les paroles de la chanson que l’on écoute.
Ainsi c’est ce vieux machin de pop commerciale « Feel »
par Robbie Williams qui constituera la bande son de la promenade qui
va suivre et dont voici la voix off.
Faut
bien visiter. Ce serait trop grave de ne pas visiter. Pourtant cela
m’a toujours dégoûté les « visites », le tourisme,
les admirations de monuments momifiés cent fois et mille fois
visités avant toi par des bus entiers de touristes vieux, fatigués,
mal habillés, un petit peu riches. Moi
je veux découvrir pas visiter. “Come
and hold my hand I wanna contact the living”. Il
n’y a rien à faire je ne m’y fais pas à la petite vie
tranquille de l’employé de bureau et aux chemins balisés. J’ai
des choses à prouver. C’est épuisant.
La
route monte en arc-de-cercle, joliment épousée par la ligne de
façade des bâtiments. Celles-ci sont percées ça et là de
couloirs, des sortes de coursives comme creusées dans les immeubles
qui descendent en escaliers et mènent à la vallée… Cela a l’air
ancien, il a du s’en passer des choses ici, dans ce pays qui ne
voit jamais le soleil, région acharnée à se défendre des Anglais
finalement vaincue comme toujours l’élégance par l’efficacité.
Ca sent la « celtitude ». Sur les décorations des
bâtiments et sur les faces des gens, un peu moins anguleuses et
aryennes que celles des Anglais. Je rentre dans un couloir… Vue
directe sur la vallée en bas… Parfum de vieille pierre et
d’humidité comme dans une grotte. J’imagine toute la forteresse
en branle bas de combat, une armée anglaise vient d’arriver dans
la vallée c’est l’effervescence les gens se rassemblent dans les
rues, des tribuns haranguent la foule sur des tréteaux… Ils savent
qu’ils sont foutus mais vont se battre… Je reprends la route…
Une jeune aryenne passe, jupe et collants noirs, un petit trou pas
fait exprès dans le haut de la face intérieure de la jambe droite.
Excitant dans le genre. Des jambes longues et fines même encore très
haut au-dessus du genou. Je la visualise dans une soirée
adolescente, l’asseoir sur un lavabo de salle de bain ses tiges
serrées autour de moi et m’y vider sans ménagement. Fini ce temps
là.
Traversant
la rue, entrée dans une cathédrale. « Saint Gilles ».
C’est tout comme chez nous mais en plus beau encore. Les voûtes
les proportions les vitraux, les plaques… Une chapelle à part
toute en boiseries et blasons avec des fauteuils comme à la chambre
des lords… Tout ça a eu une gloire. Il y a longtemps. Des messes
magnifiques ça devait être, le parterre bondé, des fidèles assis
par terre, l’idée vivante de la galvaudée notion de « communauté
d’émotions ». Aujourd’hui des touristes vêtus sans goût
viennent pour visiter les vestiges de l’architecture catholique,
religion qu’ils détestent. Il n’y a plus de ferveur il n’y a
que des « je crois mais » et des « j’aime mon
pays mais… » une société raisonnable qui sait assurément
faire dans la demi-mesure. Mais on ne bâtit pas des nations sur de
la mouligasserie demi-mesurée. « I
just want to feel real love Feel the home that I live in” Que
de fêtes et de drames ont du se jouer ici. On
imagine bien l’église en effervescence pour une bénédiction
suite à la naissance du Dauphin ou ce genre de choses. Des moments
gratuits de ferveur populaire… Passe une aryenne en visite au bras
de sa mère, je me sens à des kilomètres du monde, largué et
nageottant en remorque comme un petit chien pour me maintenir. Le
lien social qui se distend. C’était mes cours de sociologie en
Terminale. Aron, Bourdieu, Boudon, « Alternatives
économiques »… Toutes ces théories vaincues. Tout ce
blabla. Pour rien. Ca fait 10 ans que l’ai passé le bac. Je n’ai
jamais su quoi faire depuis. De vagues études. De vagues emplois au
gré du vent. Pas grand-chose. La vie rangée que l’on me propose ?
Je ne m’y fais pas. J’y étouffe, surchauffe, tourne à
vide. “Cause
I got too much life Running through my veins Going to waste » Les
villes m’écoeurent et la mentalité des gens.Cette
mentalité « loisirs ». Travail stupide. Etre « cool ».
Cela n’est pas mon langage. Cette charte graphique d’auberge de
jeunesse de brochures publicitaires pour des stages linguistiques…
Cette joie de publicité. Je n’ai jamais compris ça. Comme devant
moi cette affiche qui annonce le film « Alice aux pays des
merveilles »… Mais mec on est en 2010 Alice au pays des
merveilles est diplômée de l’EFAP roule en Mini Cooper et se fait
enculer par des Noirs. Alice au pays des bites noires merveilleuses
tu comprends ? Y a plus d’Alice plus d’innocence c’est
tout chacalisé ratalisé débroussaillé jusqu’au dernier buisson
bien portant. Les gamins on leur raconte plus de contes on leur
raconte l’histoire de Titi et Toto couple homo qui adopte un
enfant. Y a plus de mythes. Le mythe de la virginité, de l’innocence
des jeunes femmes y a plus. Même au plus loin des brouneux tout au
nord en Suède là haut elles se font cochonner. Elles sont
demandeuses en plus, de vraies trainées. Plus elles sont d’une
ethnie rare précieuse et enviable et plus elles accueillent les
bites étrangères femmes pompes aspirantes de la merde de ce monde.
Plus c’est cacateux plus elles accueillent. Que ça fasse contraste
avec leur pureté. Le monde de demain c’est 50% pour la crème et
50% pour la merde. Obama. Il faut que tout soit équitable, « ordre
juste ». Sûr que dans 7 milliards d’habitants y a
suffisamment de suédoises pour tout le monde, que chacun aura sa
part. D’ailleurs c’est bien expliqué dans « blacks on
blondes ».
En
remontant la grande rue vers le château ça voyage la pensée comme
souvent vers des scènes de cul. Je repense à Sylvana. Que ne me
faudrait-il pas là maintenant une Sylvana chez qui aller, assis
auprès d’elle révisant ses cours de droit maintenant le livre
ouvert à la bonne page d’une main et faisant machinalement de
l’autre main une chose que l’élégance interdit de mentionner
clairement, concentrée sur ses études. « Not now wait a
moment » qu’elle répond à mon énervement progressif
délicieuse rage en suspens de la défoncer… Je croyais que
j’aurais 22 ans pour toute la vie. J’avais une amie. Se faire une
vraie amie c’est si difficile et rare. Alors que la
perdre c’est si évident. L’horrible solitude qui rend encore
plus seul c’est si évident, et le diable de sourire quelque part
dans le noir…
Ce
château c’est un vrai fort moyenâgeux. Murs de quatre mètres
d’épaisseur créneaux et douves. Le tout sur un piton
rocheux qui tombe à pic dans la vallée. Québec est un peu comme ça
je crois mais y a un fleuve à côté. Je passe en revue des sortes
de stèles avec des croix celtiques, des têtes de cerfs et
d’éléphants sculptés dans la roche et des phrases gravées dans
une langue incompréhensible. Passent des classes d’enfants.
L’école doit leur payer une sortie. Pas trop de petit Noirs dans
cette équipée là. Mais faut pas se réjouir. Ce n’est que partie
remise. Ils grandiront avec des Noirs quoi qu’il arrive se feront
enculer et boufferont de la merde humanitaire et métissée quoi
qu’il arrive. Et ils en redemanderont. Je n’accepte pas que les
Caucasiens n’aient pas une conscience ethnique et une force commune
exclusive et égoïste des autres peuples. Je n’accepte pas de voir
les Blancs faibles qu’ils soient rabaissés. Je devrais m’en
foutre. Je devrais considérer que cela ne me regarde pas. Des
ouvriers aménagent un truc sous le béton. Ce sont des aryens à
crâne ras comme il y en a beaucoup au Royaume-Uni. Seuls leurs
traits de visage les différencient. Les anglais ça fait surtout de
belles femmes. Pas toujours distinguées ou vertueuses encore moins
romantiques mais qui présentent très bien. D’ailleurs c’est
bien cela qui prime à tous les coups. On a beau dire, le
physique, l’apparence,
sont les premiers critères pour le choix d’un conjoint quoi qu’il
arrive. Hors de la beauté physique point de désir pour l’autre.
Finesse des traits, symétrie, harmonie ce nazisme est en nous dés
l’âge des boums. La récompense va toute à l’inné. Dés la
naissance tout est joué de ce côté là. Je suis né il y a 27 ans.
Je me sens si seul. « Not
sure I understand This role I've been given ». Il
fait un de ces temps de merde ici...
Une
jeune aryenne croise mes pas sur le trottoir, je me force à regarder
ailleurs. Je voudrais tellement être très beau ce serait si simple
alors. A me voir elles voudraient me connaître. Je sentirais que
j’existe. Que je suis forcément singulier, intrigant. « You’re
very attractive » qu’elle me disait Sylvana quand je lui
demandais ce qu’elle me trouvait. On sait qu’une femme vous aime
lorsqu’elle vous regarde alors que vous regardez ailleurs. La bien
gentille jolie douce et soumise nana qu’elle était, un vrai
trésor. Perdu vite, trop vite. Trop peu de Sylvana dans ma vie
solitaire. Je rentre dans une de ces coursives sombres histoire de
voir… Le tunnel ressort dans un petit cloître ancien. C’est une
faculté en fait c’est écrit. Y a personne. Là haut la pluie
commence à tomber, un petit crachin. Des lumières aux fenêtres.
Ordre et propreté. Un panneau indique « Students are studying
be quiet ». Fuckers are fucking oui. Me viennent des images de
baise adolescente dans des chambres d’étudiant comme dans Will
Hunting quand on a l’âge ou l’amour c’est gratuit ou ce n’est
pas encore trop une question de classe sociale… Des Sylvana, des
Abygail des Carolina... Je me suis toujours bien entendu avec les
étrangères parce que j’avais l’excuse de ne pas pouvoir trop
leur parler. Aujourd’hui Sylvana elle est conseillère juridique
chez Citigroup et gagne 5000 euros net comme « junior ».
On est toujours rattrapés par le payant. C’est pour cela qu’on
court tellement après l’argent, pour pouvoir être celui qui peut
payer le plus et à ce jeu la l’argent il n’y en a jamais assez.
C’est fini la légèreté. Comme horizon y a plus que des bureaux
imbéciles des petits travaux imbéciles environnés d’adaptés
imbéciles. Des non-rebelles, des gens qui n’ont rien à dire. 2
ans que je l’expérimente et le vérifie chaque jour . Chaque jour.
Ce mode de vie qu’on le désire ou qu’on le rejette on nous y
fait rentrer avec un bâton et un entonnoir. On vous pousse dans
l’entonnoir. Et l’on y est parfaitement avalé digéré et chié.
Travailler
fermer sa gueule ignorer le monde ignorer les gens. Argent,
indépendance, liberté. Travailler c’est être indépendant dit
mon père. Il me semble que c’est être esclave. S’arrêter de
travailler c’est pire c’est le cachot, le mitard. Le champ de
canne à sucre ou le mitard voilà le choix. Nous avons la
« liberté » de faire ce choix. La plupart des Blancs
vivent comme des esclaves c’est évident. Ils habitent dans des
endroits très laids ou il ne fait jamais beau, ils s’ennuient
terriblement n’ont rien à se dire, ne se rencontrent pas. Ils ne
s’aiment pas comme Blancs, comme groupe. Leurs parents divorcent.
Ils en gardent un profond malaise, une sournoise menace « sois
bien prévenu » pour leur vie d’adulte à venir. A ce titre
l’émission « Pascal le grand frère » constituait je
trouve une authentique démarche saine et altruiste promouvant
l’entraide entre frères de race et de cœur. C’était très
émouvant ce truc, et courageux. On y voyait que les Blancs n’ont
pas assez d’argent pourtant quand on est Blanc on est riche et
privilégié à ce qu’il paraît. Qu’ils n’ont pas assez
d’oncles et de tantes de frères et sœurs, de famille unie qui
s’aime et se groupe pour affronter les tumultes de la vie. Qu’ils
sont seuls et vulnérables à la merci de ce qui vient de
l’extérieur. Qu’ils n’ont ni religion ni patrie ni
enracinement d’aucune sorte qu’ils ne savent pas qui ils sont. Et
c’est la vérité. Une pointe de lance trempée dans l’acide me
trifouille la bouche. J’ai un gros aphte sous la langue à gauche,
un bien gros et nervuré c’est très désagréable. Depuis un an
j’en ai presque toute le temps. Sans trop de raison. Faut croire
qu’on déchoit c’est tout. J’ai en frayeur cette sorte d’adage
que disait souvent ma grand-mère. Le tenant elle même de sa mère
normande, ce qui nous ramène au dix-neuvième siècle : « on
progresse jusqu’à 25 ans après ce n’est que déclin ».
J’ai eu 25 ans dans un avion en 2007. J’avais fait exprès de
booker le vol ce jour là pour ne pas avoir à fêter
l’évènement. Je dois être indécrottablement anxieux
et sensible. Je n’arrive pas à souffrir convenablement. Souffrir
me fait souffrir. Passé un certain âge on pue plus vite de la
gueule il faut se méfier. Le stress fait puer. On est tout le temps
stressé. Le visage crispé à lire un écran blanc d’ordinateur et
la crispation reste, se fige sur la face. Cinq années d’études
pour en arriver là.
Tous
ces gens qui bossent dans des bureaux, dés 25 ans ils prennent déjà
du bide et des excédents infâmes, leur flétrissement est évident.
La tronche ravagée par le rasage quotidien, par l’exposition zéro
au soleil et l’absence d’effort physique, par les bouffes grasses
et chaudes trois fois par jour qui calment l’anxiété de la
pression du travail. Circuit bien rodé, tout se tient. « A
partir de trente ans c’est un kilo par an » disait une sorte
de manager expatrié à Hongkong, un obèse qui ressemblait à Louis
XVI. Quelle évasion dans le monde du travail ?
« Boire un verre entre collègues » ? D’accord
essayons. Un bar. Population : 30 mecs et 5 filles dont 3 en
couple, une affreuse hystérique et une « normale »
aussitôt accaparée par 15 caqueteurs atroces rivalisant chacun de
coolitude hostile dans l’espoir de la « niquer ».
Bienvenue dans le monde réel. J’ai un goût de sang dans la
bouche. Je crache c’est rose, il y a du sang en effet. Faudrait que
je fasse des analyses. Sûrement qu’ils me diront comme d’habitude
« Globules rouges trop petits, trop timides ».
Thalassémie mineure, la tare du bassin méditerranéen. C’est ça
qui donne le teint terne, indéfini. Cela rajoute à mon côté
« indéfini ». En fait ça reflète. C’est morpho
psychologique. Que de flaques d’eau par terre. Paire de Dior 2008
trempées et plus de chaussettes. Tout à l’heure je prendrai un
bateau qui me ramènera en Belgique et cette stupide excursion
solitaire sera finie. Je retrouverai mon travail et les affreuses
ambiances.
Une
semaine plus tôt notre manager nous faisait lors du « morning
meeting » un discours exceptionnel sur les Noirs qui sont
formidables et sur Mandela et comment il faut qu’on s’inspire de
Mandela pour comme lui obtenir ce que l’on veut vraiment dans la
vie. Il venait de voir le film « Invictus ». Pour
couronner le tout ce type est un hollandais blanc qui a grandi en
Afrique du sud, parents militants anti-apartheid. Il n’a pas
précisé pourquoi il avait émigré en Belgique après l’apartheid
cependant. Les fascistes de notre époque sont d’un antiracisme
forcené, le plus borné stupide et doctrinal antiracisme qui soit,
on ne peut pas lutter. Ils sont méchants mais ils sont « pour
le bien », ils y croient sincèrement. J’ai du me mettre en
arrêt maladie pour venir prendre l’air en Ecosse. Ils m’auraient
refusés les jours offs. Faudra bien que je me barre de ce travail
qui est devenu un enfer. D’une façon ou d’une autre. Je sens le
lien social se défaire, s’en aller sans moi. Je n’en peux plus.
« I don't
want to die But I ain't keen on living either ”
Il y a quelque chose en moi qui cherche son débouché et qui ne le
trouve pas et qui me pousse et qui m’épuise et je ne trouve pas et
je suis désespéré. Peu à peu je ralentis comme un traînard à la
retraite de Russie. Furieux à l’intérieur, épuisé à
l’extérieur. Marie-Marthe une récente fille de passage, jolie
aryenne flamande s’est mise à pleurer la fois ou je lui ai dit ma
vérité. La pression des non-Blancs en France, leurs émeutes leur
racisme impuni, la naïveté des gens, ce monde que je hais… Elle
ne me croyait pas « comme ça », elle s’est tournée
vers moi sur le canapé, a éteint la télé, ça faisait tout
silence d’un coup dans son petit foyer. Elle a pleuré, elle m’a
dit avec son accent « j’ai peur que tu vas quitter le monde
que tu vas quitter le monde que tu vas te suicider. Mon petit frère
il parle comme toi il dit que personne ne peut le comprendre que
quand il se réveille au matin il aime pas être encore en vie ».
Elle était gentille mais je ne pouvais pas me laisser totalement
consoler par elle, m’y abandonner. Elle m’aurait vu sensible, à
nu, le masque tombé. A chaque fois avec les filles je me force à
être dur, à leur parler mal, à leur dire merde. Elles ne savent
pas comme ça me fend le cœur de devoir faire ça. Mais moi je sais
comme elles me jugeraient si j’étais gentil, si je me laissais
aller. « Before
I fall in love I'm preparing to leave her » J’aimerais
tellement être gentil avec une fille qui en vaut la peine et qui
aime ça.
Mais
que ce soit Marie-Marthe ou une autre, les femmes sont pour moi
ces mères qui adoptent et ces mères qui rejettent. Cette morale
sans pitié. La Nature. Exactement la Nature. C’est à dire à la
fois indispensables, belles, et sans pitié. Pour elles
seul e compte la loi du plus fort. On se bat pour elles, et elles se
jouent de nous. A une époque à Paris je connaissais un certain
journaliste scientifique fort intéressant. Il m’avait parlé d’une
théorie sur l’origine de la vie à laquelle j’ai souvent repensé
depuis. « Au départ si l’on peut dire, les bactéries
n’étaient que femelles et elles se reproduisaient seules, sans
intervention externe. Puis il semble que des bactéries aient crée
l’élément masculin et l’aient poussé à l’extérieur, car
elles avaient de cette complémentarité un bénéfice plus grand à
tirer que dans l’autoreproduction pure ».
Je
descends les escaliers d’un de ces couloirs qui percent les pâtés
de maison. C’est tout impeccable ces petites ruelles. Peut être
grâce aux multiples menaces de poursuite affichées partout si l’on
fait ceci si l’on fait cela si l’on joue au ballon crache,
insulte, quoi que ce soit… C’est comme ça que le UK triomphe de
toutes les épreuves depuis mille ans. La position insulaire
stratégique certes mais aussi et surtout l’entretien par le plus
impitoyable libéralisme d’une très grande virilité d’une part
et d’une très grande sévérité d’autre part. Tous les pays
hors Commonwealth ont soit l’un soit l’autre c’est ça qui les
abîme… Je me dirige vers la gare pour demander les horaires
Edimbourg-Rosyth. Quelle plaie que cette vie de lambda « Blanc »
indéfini chez les Blancs. Vraiment je n’y ai que des motifs de
récrimination. Immigration toujours plus arrogante que l’on voit
chaque jour énorme, monochrome, haineuse… Argent qui ne rentre pas
assez vite, qu’il faut gagner pour acheter une maison et s’alléger
des soucis d’argent mais qui en fait les augmente… Relations
sociales de plus en plus difficiles à nouer chacun étant cloisonnés
dans son couloir et marchant pour soi, et le temps qui passe… le
vieillissement l’enlaidissement et la frustration qui rendent moins
possible encore les relations, puis la détresse de tout cela, le
désespoir silencieux et régulier, l’enfoncement, le cœur qui n’y
est plus l’abrutissement… Et personne, personne à qui parler.
Enfin, à qui parler vraiment.
Ou est la vie ? Je me le demande chaque matin. Je voudrais
penser à autre chose. Mais c’est ça qui est ma réalité et mon
quotidien. Je voudrais aller au garage et qu’on me répare. Que ça
s’apaise le magma à l’intérieur, que je me tienne droit, que je
souris, que j’ai la pêche que j’ai confiance que j’ai une
direction que j’ai des gens que j’aime et qui m’aiment qu’on
ait besoin les uns des autres comme des sortes de mormons ascétiques.
Se concentrer sur l’essentiel. Car dans le mode de vie
« loisirs » le manque d’exultation se boursoufle dans
l’esprit à la façon d’une poche de pus. C’est certainement
nocif pour la santé les rages rentrées comme des ongles incarnés
dirigés tout en dedans. Sensible et stressé c’est tout ce qu’il
ne faut pas alors.
“There's
a hole in my soul You can see it in my face It's a real big
place”. La
moindre émotion se voit sur ma gueule je ne sais pas tricher,
masquer. Je n’encaisse pas la déception ça me chamboule ça
balaie d’une déferlante la patiente petite chose de construction
que j’avais faite. A chaque fois qu’il y a une rupture, une
cassure et qu’il faut repartir de zéro c’est une douleur
tellement atroce tellement profonde que je n’ai pas de mots. Y a
tout qui s’agite au fond toutes les émotions comme des nuages
pourvus de bras qui hurlent en même temps, qui maudissent qui
réclament qui cognent aux parois. Mais comment les gens vivent je ne
comprends pas. Ils bouffent ils travaillent ils prennent des
vacances. Leurs souvenirs s’effacent, ils vieillissent. A dix ans
d’écart c’est le même tic-tac régulier. Ils ne pensent pas
leur vie vraiment. Ils disent qu’ils la pensent mais c’est faux.
Ils n’écrivent rien ils ne cherchent rien ils ne s’intéressent
à rien. Ils bouffent ils baisent ils boivent ils essaient d’oublier
le tragique des choses de toutes les façons possibles par
toutes les fonctions corporelles qui existent. Et c’est tout. Ils
sont nombreux, bruyants ils sont affreux. Je ne comprends pas leur
fonctionnement. Le dernier soir ou je l’ai vue chez elle je lui ai
dit à Marie-Marthe « Mais comment tu vis ? C’est quoi
ta vie en fait ? Qu’est-ce que tu y fais ? ».
Semblable à tant d’autres, son shopping, ses séries télé, son
salaire minable et ses dépenses inconsidérées, son absence de sens
de la famille toutes ces choses m’étaient revenues d’un coup.
Mais je sais ce qui les sauve ces gens là : leur disponibilité
leur légèreté malgré tout, cette capacité à aller vers les
autres, à nouer des relations. Cela fait beaucoup de bien. Dans
« Into the wild » Alexander fait tout un périple en
solitaire pour finalement tout à la fin tomber sur la définition du
bonheur selon Tolstoï, une profession de foi qui finit par « le
bonheur ne vaut que s’il est partagé ».
I
just want to feel real love
Feel the home that I live in
I got too much love
Running through my veins
To go to waste
Feel the home that I live in
I got too much love
Running through my veins
To go to waste
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