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mardi 18 août 2015

28 novembre 2011 - Elite

Elite

Education, Mutation, Sozial — Article écrit par Lounès le 28 novembre 2011 à 18 h 21 min
Chaque peuple comprend en son sein une élite qui lui est plus ou moins fidèle, qui est plus ou moins riche, intelligente et consciente de ses responsabilités. On appellera élite la classe sociale aisée qui a vocation à occuper des postes de direction et d’encadrement. Dans les lignes qui vous suivre nous nous intéresserons à la nature de cette élite aujourd’hui : ses fondamentaux, ses habitudes, ses us et coutumes afin de vérifier si, comme au 19ème siècle et auparavant, l’élite participe d’un mouvement d’élévation qui tire vers le haut le reste de la population (le fameux « Progrès »). Ainsi nous nous demanderons en fil conducteur de notre développement « pour qui roule l’élite ? », à qui va son allégeance invisible : est-ce à une tradition, une religion, une patrie… Ou est-ce à une puissance étrangère ou tout simplement à un Moloch qui se nommerait « jouis de la vie et fous toi du reste ». Pour répondre à cela nous décrirons d’abord le bain social originel de l’élite. Puis nous évoquerons le registre de langue et d’intellect dans lequel se classe l’élite, avant de raconter la coupure entre l’élite et l’environnement alentour.

1/Le bain social originel : le mainstream
Le mainstream, mot à mot le « courant principal », désigne le mode de vie le plus banal, le plus automatique et le plus conformiste que l’on puisse adopter dans une société à un moment donné. Par exemple à Chartres au XIXème siècle le mainstream aurait consisté sans doute en une bigoterie zélée. Ainsi regardons en quoi peut consister le mainstream ici et maintenant.
L’élite écoute NRJ, RTL2, Fun Radio, regarde MTV, apprécie Arthur et Cauet, lit Closer (mais « juste pour déconner »). L’élite est habillée en Puma, Zara, G-Star, D&G, Diesel, Energie. L’élite aurait voté Obama, aime l’ONU, accorde beaucoup de crédit à Courrier International, rêve de New-York et s’enthousiasme pour Black Eyed Peas. Voilà à peu près le bain originel de l’élite ici et maintenant : sa jeunesse, l’élite la consacre à ce genre de médias, ce genre de magasins et ce genre de sensibilité.
Chaque année des masses considérables de jeunes français entrent en ESC, tous candidats à des postes supérieurs dans le commerce : manager, DRH, DAF… Comme si c’était « bien », comme s’il existait pour ces dizaines de milliers de prétendants autant de dizaines de milliers de postes correspondants de manager, DRH et DAF, le tout en France socialiste dans un contexte de crise mondiale. Bien qu’il soit idéologiquement très à gauche, le jeune  « français » d’élite cherche avant tout à gagner de l’argent. A cela il a de très bonnes raisons : gagner de l’argent sans l’aimer. Il peut bien raconter ce qu’il veut, toujours est-il que dès 16 ans il ne pense qu’à devenir riche et en chemin trahira entièrement chacun de ses principes éthiques de gauche (équité, charité, empathie…) pour y arriver.
Les jeunes de l’élite ont cette étonnante mentalité de vieux : dès leur adolescence ils sont déjà blasés et solennels, froids et sérieux, en un mot, cyniques. On les trouve « très matures » et « très adaptés » parce qu’on ne sent pas les choses. Ils ont intégrés et entièrement accepté l’idée qu’il faut être un enculé pour réussir et en la matière, ont déjà pris de l’avance. L’un de leurs deux parents au moins travaille dans le commerce à un poste supérieur ainsi ils ont déjà connaissance de la plupart des intrigues de bureau et baignent dans ce bain savant mélange de valeurs étranges : cynisme, duplicité, calcul, égo… Très tôt ils s’intéressent à la bourse, ravis de pouvoir dire « mince ça a baissé » devant Bloomberg TV que diffuse l’écran mural du bar dans lequel ils sont affalés avec leurs potes le samedi après-midi.
Lorsque l’élite ne travaille pas dans le commerce elle peut se consacrer aux métiers d’élite que sont les métiers de médecins et d’avocat. D’ailleurs lorsque l’on veut signifier une position sociale élevée on dit souvent ensemble « avocat ou médecin » par exemple : « cette personne aurait pu finir avocat ou médecin mais est restée dans la médiocrité« .
Le médecin et surtout l’avocat aiment à s’engager en tant que citoyens universels dans la vie de la société et ont un avis sur tout ou presque, ils savent de quoi il retourne, ils savent ce qu’il faut faire pour vaincre le chômage et l’insécurité, ils savent ce qu’il faut penser sur chacun des problèmes qui agitent leurs camarades moins vernis qu’eux. En matière d’expression orale, très amateurs du style « chromo » contre le style émotif, ils sont adeptes des amphigouris qu’ils prennent pour la « belle langue » française à laquelle ils ne comprennent rien, s’amourachant de vers, de postures et de tournures ampoulées de chambre correctionnelle: « Alors monsieur permettez-moi de répliquer car vous avez eu l’indélicatesse d’être à mon égard non seulement discourtois, mais en plus calomnieux« . Ils pensent que ce genre de phrase ça en jette, que Baudelaire ça doit sûrement ressembler à ça.  Le baratin étant souvent une manière de cacher par de l’intellectuel une certaine faiblesse concrète on ne s’étonnera pas que les avocats soient physiquement des lâches ou alors des femmes.
Parfois l’élite veut faire rebelle et s’entiche de postures non plus « bourgeois traditionnel » mais de postures « bourgeois bohème » c’est-à dire qu’elle refuse d’assumer le prestige de sa classe, qui demande tout de même un certain maintien et éducation pour aller vers le confort de la désinvolture. Ainsi l’on voit ces fils et filles de bonne famille persuadés d’échapper au mainstream par leur connaissance de musiques perçues comme « borderline » comme par exemple Laurent Garnier, les compilations Colette et surtout Birdy Nam-Nam, le faire-valoir et la street credibility par excellence des médiocres de centre-ville, ce groupe étant sans doute à la musique underground ce que Zadig & Voltaire est au style vestimentaire underground. Il faudrait ignorer cela mais enfin observer autant de petits fils de lâches aller à la Flèche d’Or et s’inventer une vie de rebelle entièrement subventionnée et encadrée que d’autres, ailleurs, ont chèrement payé et assumé avec tous les emmerdements que cela représente, a quand même quelque chose d’agaçant.
En filigrane de son engagement citoyen il y a chez l’élite une forte conscience humanitaire. Il faut aider les pauvres, surtout les pauvres les plus imaginaires et fantasmés et loin de chez soi, en un mot il faut aider l’Afrique. L’élite préfère systématiquement l’étranger à son prochain, et systématiquement l’Afrique à l’Asie, la nature à la culture, la spontanéité relâchée au maintien digne, la langue espagnole à l’allemande, le sud bordélique au nord ordonné. En fait, surplombant les attitudes et comportements de l’élite il existe un principe invisible qui gouverne tous ses choix, goûts et prises de position, un principe difficile à nommer avec certitude de ne pas tomber sous le coût de la loi. Quelqu’un parlait un jour de « tropicalisation ». 
L’élite tient fort à des principes éthiques qu’elle aime à assener publiquement afin de montrer son indignation et sa « saine colère ». C’est entre autre pourquoi l’élite lit les journaux : pour se ravitailler en « saine colère », pour rétablir la vérité tordue à coups de « il faût que… », pour abreuver le monde entier de « saine colère », pour bourrer son fil Facebook et les AG du campus et les recommandations aux enfants et les conversations de fin de repas et les appels d’auditeurs sur RMC Info et les pauses cigarettes en bas de la tour et tous ses instants de vie sociale avec de la « saine colère ». Celle-ci est saine parce qu’elle s’appuie sur des principes intangibles, irréfragables, indiscutables. Ainsi l’on ne transigera pas avec tout d’abord le RESPECT, mot à prononcer en forçant bien sur le « r » et en appuyant bien sur la deuxième syllabe. Respect concept vague, que la masse imbécile a toujours compris comme une réciprocité courtoise: « nos rapports ont toujours été empreints d’un profond respect » et dans lequel les prédateurs et la racaille se sont toujours engouffrés pour « demander davantage de respect« , entendant par ce mot « coercition« , par exemple : « ché pas il a voulu faire le chaud mais direct je lui ai mis la pression et y m’a respecté, en fait c’est trop un pédé lui« . L’élite a toujours servi de bienfaiteur à la racaille mais nous y reviendrons dans un autre texte.
Ainsi l’élite a ses « valeurs », tout le monde a ses valeurs. Même une entreprise de pétrole, de godes ou d’émission de junk-bonds a des valeurs, et elles sont visibles sur leurs sites internet dans une catégorie intitulée « Corporate Values » ou bien « Our Values ». Indéboulonnables et passe-partout les voici ces valeurs : le RESPECT, la TOLERANCE, le PROFESSIONALISME et surtout la TRANSPARENCE. C’est-à-dire si l’on lit bien que le parfait citoyen universel d’élite serait le responsable d’association humanitaire subventionnée qui a fait Sciences-Po, habillé en costard et travaillant dans un bureau aux murs vitrés derrière un ordinateur.
La transparence, nouvelle valeur qui remplace l’honnêteté, est comprise comme l’anti-hypocrisie et l’anti-duplicité. Il faut être transparent. Depuis une dizaine d’année on a vu se multiplier les méthodes de management orientées vers la transparence : bureau du boss très accessible, compte-rendu sur l’état de l’entreprise, team-building, sorties avec le boss etc… Certains intellectuels classés « néo-réacs » ont avancés d’excellentes idées sur la notion de transparence et sur sa dimension liberticide, sur la façon insidieuse qu’a cette soi-disant valeur de s’immiscer dans la vie privée et la propriété privée.
Et puis il y a l’élite âgée qui est elle aussi parfaitement dégueulasse, relâchée, affreuse à regarder. Passé un certain âge le relâchement est impardonnable a dit Karl Lagerfeld et nous voulons adresser cette saillie tout particulièrement à ces quinquas habillés en fringues moulants sexy qui font leur marché du dimanche matin chez leur petit producteur qu’ils connaissent très bien disent-ils, et qui se trouvent « un peu artistes » pour leur capacité en cuisine à « marier les saveurs » et à faire « danser les plats ». C’est l’indécrottable laideur de l’élite : leur conviction d’en être, leur conviction de comprendre ce qui se passe.

2/ La vulgarité
L’apparence. Un renommé confrère évoquait récemment le concept de tutoiement vestimentaire pour évoquer la toilette très négligée des gauchistes et assimilés. Il est un autre tutoiement vestimentaire, beaucoup plus pernicieux celui-là, de ceux qui cherchent à « avoir la classe ». Vous les avez forcément vu ces intrépides qui dès la petite vingtaine, lorsqu’ils sont amenés à porter un costume, ne comprennent pas que l’élégance c’est d’abord les chaussures, que si l’on a un budget de 400 euros il faut acheter une paire de Santoni à 300 euros et un costume H&M à 100 euros et surtout pas le contraire. Ils ne connaissent ni ne comprennent rien à l’élégance qui est avant tout affaire d’humilité et de sobriété c’est-à-dire tout le contraire de la « classe » exhibitionniste qui cherche à attirer l’attention, à prouver quelque chose. C’est ainsi qu’autour de l’immonde style impulsé par Dolce & Gabbana fleurit depuis plusieurs années ces lignes de vêtements proposant des chemises à trois boutons de col, avec des boutons sur le côté du col, des costumes à petites fantaisies (tissus à motifs dans la doublure, boutons de couleurs…) complètement inutiles mais bien en accord avec cette injonction systématique à « revisiter les codes et bouleverser les classiques ». Le résultat est souvent déplorable et l’on en avait eu quelques exemples sur Ilys à une époque, avec ces photos de catalogue d’un mannequin métis affublé d’un costume mal coupé, chaussé de rangers et enguirlandé d’une grossière écharpe autour du cou. Pour revisiter les codes il faudrait déjà être en mesure de maîtriser les codes. C’est pourquoi d’ailleurs tous les peintres qui ne font pas de l’art figuratif très ressemblant et objectif (le style académique) sont des escrocs : leur fuite vers l’abstrait est un cache-sexe pour masquer le fait qu’ils dessinent mal. Le vrai figuratif c’est plus dur que l’abstrait et c’est un luxe que peu de peintres peuvent se permettre. Idem en fringues : l’élégance véritable et la tradition bien portée c’est plus dur que le streetwear et que la « classe ». Or l’élite va vers ce qui est facile et ne cherche pas à montrer l’exemple (= assumer sa position d’élite) mais à jouir de la vie. Dédaigneuse de toute tradition vivante et entièrement soumise à la mode, elle tombe dans tous les pièges des achats compulsifs et des produits à courte durée de vie.
En vrac question tutoiement vestimentaire d’élite nous avons encore le costume en tissu légèrement brillant (polyester qui retient la transpi mais dégage aussi certes, l’idée de « classe »), les souliers pointus en cuir glacé façon verni (usés et ignoblement craquelés après 3 mois, et impossibles à cirer), la ceinture à grosse boucle bien carrée en acier brossé, la cravate blanche sur chemise noire (style très prisé par les commerciaux), les chaussures élégantes mais pas cirées (dès que ça demande du soin il n’y a plus personne) etc… Néanmoins toutes ces aberrations ne doivent pas être confondues avec le style « beauf » d’employés plus subalternes chez qui l’on trouvera les chaussettes de sport blanches avec les mocassins noirs, la grosse gourmette, la chemise à manches courtes avec cravate etc…
Le mode de vie. On joue au poker. On va dans des clubs de strip un peu haut de gamme genre « Pink Paradise » dont la cherté permet de déculpabiliser la dimension « cul » grâce à l’admission réservée à une clientèle CSP+ qui a des tronches de Laurent Solly. On fume un joint lorsque l’on rentre du travail. On va au club de fitness pour courir sur un tapis automatique. On pounche avec capote et en cas d’accident on avorte. On va dans des « séjours spas ». On boit des verres avec le patron le soir après le travail. On a trente ans mais on est habillé comme un ado et on s’affale dans les fauteuils.
Les expressions. « C’est bon ça », « bah ouais mais ça lui fait le zgeg », « c’est tip-top ça, c’est chabadou », « on était à Barcelone c’était juste dingue quoi. C’était juste énorme. », « oh non mais gros craquage là ! », « ah ouais gros dossier là ! », « eh man ! ».
Les possessions. Appartement neuf au design épuré c’est-à-dire sans style aucun ni identité, immense écran de télévision et zéro livre, voiture TDSI payée en leasing « ouais passke en fait j’ai ma propre société », vêtements de sportswear dépareillés et comportant de grosses inscriptions et marques.
Le projet de vie. S’amuser le plus possible. La vie est faite pour s’éclater. Un but : le bonheur. La première personne de l’humanité est celle qui s’éclate le plus. Il faut vivre comme une entreprise : profits/pertes, s’éclater/se prendre la tête. Maximiser l’un et minimiser l’autre, c’est tout.

3/ La coupure avec le cosmos
Déjà on vit en ville. On marche sur des trottoirs, sur des sols plats et des surfaces isomorphes dans des semelles en plastique, on est isolés complètement du sol, des reliefs du terrain et de la nature. On se déplace immobiles dans des métros, des escalators, des ascenseurs, des tapis roulants, des taxis, on est donc nié dans sa capacité de force physique, réduits à une stricte égalité forcée et indifférenciée avec la femme. On mange une nourriture très élaborée et à forte valeur ajoutée (plats préparés, restaurants…) entièrement pensée pour susciter du plaisir. D’une manière générale on est coupé de l’origine des choses et récompensés par le « plaisir », mot qui revient extrêmement souvent dans les publicités si l’on veut bien y faire attention. Le plaisir est le dernier stade avant la dépression : une fois que l’on a tué la grandeur, tué la légende, tué la tradition, tué la religion, tué le désir, il ne reste plus que le plaisir qui fait surnager l’individu par petites injections comme une intraveineuse de morphine sur un grand brûlé : le plaisir d’offrir, le plaisir d’un yaourt stracciatella, le plaisir d’un bain chaud, le plaisir d’aller chez le garagiste, le plaisir de ceci et cela.
On est structuré par des fondamentaux entièrement mensongers mais très faciles à articuler et à formuler : culpabilité occidentale indue envers les plus bronzés (c’est-à-dire le reste du monde), velléités humanitaires, pensée gauchiste automatique, antiracisme par terreur d’être considéré « raciste », existence de discriminations, « violences policières » etc… On a vu des films que l’on prend pour argent comptant : « Bowling for Columbine », « Le cauchemar de Darwin », « Amen (le Vicaire) », « Danton » ainsi dès lors on considère qu’il est absolument certain et indiscutable que le lobby des armes des méchants blancs tient l’Amérique, que les Africains sont empoisonnés par des Blancs qui viennent pour les voler et baiser leurs femmes, que l’Église catholique a une responsabilité dans la Shoah, que la révolution française est l’acte spontané d’authentiques pauvres en quête de liberté etc… D’ailleurs il est étrange que ces axiomes que répètent 90% des gens comme des perroquets s’avèrent être lorsqu’on les examine de près non seulement des mensonges mais surtout des inversions parfaites : les gens de la NRA sont en réalité ultra-marginalisés, l’Église catholique a sauvé des centaines de milliers de gens de la Shoah etc…
L’élite qui se coupe de la tradition et donc de l’héritage, transmet logiquement peu : elle fait peu d’enfants (2 maximum), n’a aucune solidarité avec ses compatriotes pauvres (posture à la Eolas : je suis de l’élite et plein de sophismes juridiques avec lesquels je me montre et enfonce mon prochain plus mal loti que moi), plus que jamais « citoyen universel » objectif, qui a tout reçu de son pays mais ne lui rends rien. Tout pour l’humanitaire et les étrangers et rien pour son prochain : toujours cette fuite vers l’abstrait.
L’élite travaille dans le tertiaire et dans le quaternaire : le service au service complètement coupé du travail productif véritable. On vend des services inutiles à des entreprises de services se débattant sur des marchés saturés et en récession, métiers accablés de procédures et de vérifications de procédures, de compte-rendu et de fiche de rapport de vérification de procédures (c’est ce qui se passe en banque, finance, comptabilité, audit, bref tous ces domaines qui avec la fonction commerciale sont les débouchés les plus prisés par les étudiants en ESC), aucun droit à l’initiative individuelle : on applique des procédures prédéfinies.
Il existe une dualité radicale entre travail et loisirs renforcée chez l’élite par la dimension « mercenaire » à laquelle elle souscrit. C’est-à dire que l’on est prêt à s’emmurer d’emmerdements et de travail répétitif extrêmement ennuyeux toute l’année, tout ça pour pouvoir se payer des petits séjours spas aux Maldives. Ainsi il y a cette carotte du « jouir de la vie » : les loisirs sont de plus en plus raffinés et imaginatifs dans le « plaisir » mais dans le même temps les métiers qui permettent d’y accéder sont de plus en plus chiants et abstraits.
On fait peu d’enfants que l’on éduquera dans les valeurs citées plus-haut et dans l’antiracisme compris comme la haine de soi, pendant qu’à côté les parents non-blancs éduquent bien l’enfant dans la fierté et le déploiement de son bien-être dans la société, aux dépens de la société. Cette dichotomie qui a l’air d’un détail en apparence porte en réalité en germe les conditions de désastres effroyables.
L’élite se croit black-blanc-beur et elle l’est sur le papier, mais en réalité elle est profondément nivelée et normalisée, composée de personnages issus d’horizons certes différents, mais tous d’accord sur les mêmes fondamentaux (voir « les valeurs » plus haut). De quelques religions et culture que soient ces gens ils boivent les mêmes alcools, fument les mêmes joints et vivent de la même manière.
Ainsi nous avons ici fait le tour de quelques éléments jugés pertinents pour circonscrire cette étrange élite actuelle. De toute évidence il s’agit surtout d’une élite en devenir et/ou de gens qui se prennent pour de l’élite, constat qui nous mènerait vers une autre problématique : « existe-t-il encore une élite véritable ? ».
Concernant notre exposé nous avons tenté d’établir que cette élite issue du mainstream, abrutie par un mainstream lui-même infecté de subversions diverses, se retourne contre sa base au lieu de l’aider à s’élever elle aussi. Conséquemment à ses carences morales, l’élite fonce dans la vulgarité qui elle-même est un avatar d’un rapport plus global au monde dans lequel l’individu est coupé de tout héritage, transmission, responsabilité et vision à long terme. Si nous devions décrire en deux mots ce qu’est l’élite nous dirions simplement « absence d’humilité ». Or l’humilité est la condition première de toute vie en société, elle est même chez les grands mystiques (Taoïstes, Pères de l’Église…) la vertu racine de toutes les autres vertus. Il n’est pas étonnant qu’en refusant l’attitude d’humilité, l’élite développe en conséquence toutes les tares, iniquités et postures grotesques. S’intéresser à l’élite telle que nous la connaissons aujourd’hui renvoie enfin à la genèse de celle-ci (années 60), lorsque la subversion devint posture conformiste par excellence. Les adolescents de cette époque-là étant devenu aujourd’hui des dirigeants à notre époque, on pourra réfléchir sur les exemples tordus qui sont cependant les seuls dont dispose la jeunesse actuelle. La transmission de témoin étant perturbée, il est logique que le message ne passe plus et que l’on observe une baisse objective du niveau de l’élite au fil du temps. Ce constat ouvre un autre débat, celui de l’éducation, avec en son centre la question que se posent beaucoup de professeurs dépressifs : « que voulons-nous transmettre ? ».







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