23.04.2009
C’est
simple tu rentres dans ce truc comme dans un navire-amiral qui aurait
déjà livré bataille contre trente Nelson bien avant que tu sois
né. Tu sens que ce truc, le Parc des Princes il en a connu des
gueulantes de quarante-cinq mille bonhommes qui crient le même
couplet en même temps, il en a connu des bagarres, des gaz lacrymo,
des moments de tension à faire fondre de chaleur les sièges en
ferraille, des concerts de Johnny, des autocollants « France,
Le Pen, Li-ber-té ! »,
des drapeaux Boulogne Boys et des tisons enflammés. On sent que
c’est vieux, on sent que y a un passé de mille grands soirs déjà.
Autour,
debout devant leurs sièges, accrochés comme toi à flanc de colline
y a des milliers de jeune Caucasiens mais pas des faiblards comme aux
infos, des « normaux » quoi. Des qui te feraient dire si
t’étaient pas Blanc que les Blancs c’est pas tous des
baltringues en fait, merde. Bon, et ça fume des joints de partout,
ça empeste. Impossible de rentrer avec une bouteille de bière par
contre tu peux fumer du shit tant que tu veux là dedans.
Et
puis le match commence ça se met à chanter en même temps, ils
connaissent des tas de chansons les types. Dans les chansons y a
beaucoup le mot « Paris » qui revient. Là tu en prends
pour ton grade du « Paris ». Et Paris-Paris-Paris et
allez-Paris-allez-Paris et Paris St Germain ceci, et Paris St Germain
cela… Ensuite y a une sorte de pogo ou tu attrapes tes voisins par
les épaules et tu saute à pied joint d’un bord à l’autre du
gradin. Ensuite éventuellement il y a un but pour Paris et là c’est
comme si tout le stade était une seule et même personne parcourue
d’un vomissement salvateur qu’on sent bien passer de l’estomac
au menton « ouuuuuèèèèèèèèèèè » multiplié par
45000 types et moi y compris même si je m’en fous du match quelque
part, c’est les jeux du cirque c’est le défouloir malsain, et
merde à Jean-Luc Godard. C’est alors que venu de derrière, de
plus haut dans les gradins, voilà des myriades de types qui
déboulent, dégoulinent comme une vague de lâcher de barrage, te
voilà entraîné aussi sur les autres devant en bas, toujours plus
loin devant, en bas, et heureusement il y une loi physique, peut être
une poussée d’Archimède, qui fait que personne ne tombe. Une fois
par mi-temps y a un moment ou le virage Auteuil, celui des
blakblanbeurs et le virage Boulogne en face, celui des
Caucasiens, se répondent en mode c’est à bâbord c’est à
tribord. Allez
Paris, Boulogne est magique, allez paris, allez boulogne allez PSG.
A raconter c’est nul ça fait sous-fifre enrôlé, mais à vivre
c’est pas mal du tout.
Et
ensuite « on » gagne on leur met 3-0 à ces bâtards
avant la mi temps ou y a des ambiances de hot dogs au ketchup
emballés dans des serviettes en papier (une feuille monsieur) sur
fond de musique qui dit « in har-mony » et de publicité
pour Cathay Pacific sur écran géant. Moi d’un regard j’embrasse
tout le stade qui fait la pause et je me dis que putain si j’avais
connu tel défouloir à 17 ans… Mais on est pas sérieux quand on a
17 ans. Et pour moi, pour toujours il n’y aura qu’un pas entre
Rimbaud et le mode hooligan, entre l’Opéra Garnier et le Parc des
Princes, entre Giselle et PSG, entre la France et la Kabylie. Ces
deux aspects sont ensemble, pas séparés, parce que ces deux aspects
c’est moi.
Et
puis la 2ème partie
reprend pareil après l’entracte et au coup de sifflet final le
speaker gueule dans son micro que on a gagné et que ici c’est
Paris ! ici c’est Paris ! ici c’est Paris ! Et je
me prends à rêver d’ambiances de racailles caucasiens en mission
à Aulnay-sous-Bois comme dans Bumfight, à choper des CPF les
ligoter les enculer et gueuler sous les fenêtres ici c’est la
France ! ici c’est la France ! ici c’est la France !
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